Barry Moussa Barqué, entre Honneur et Incompatibilité

Une confusion des fonctions au sommet de l’État soulève des questions juridiques et éthiques.

Le 30 avril 2020, Barry Moussa Barqué était nommé Grand Chancelier des Ordres Nationaux par décret présidentiel, une fonction prestigieuse et hautement symbolique. En tant que Président du Conseil des Ordres Nationaux, il a pour mission de recevoir les propositions de nomination, d’arbitrer les contentieux liés aux distinctions honorifiques, et d’assurer la neutralité de cette institution républicaine.

Cependant, un événement vient ternir cette image de neutralité. Le 15 février 2025, M. Barqué se présente aux élections sénatoriales dans la circonscription de Tône, sous la bannière du parti UNIR. Il est élu avec une large majorité, puis porté quelques semaines plus tard à la tête du Sénat, devenant ainsi le troisième personnage de l’État.
Mais une question de fond se pose : comment M. Barqué a-t-il pu briguer un mandat électif tout en conservant sa fonction de Grand Chancelier ? Cette dernière, rappelons-le, est une autorité administrative indépendante, soumise à une obligation stricte de neutralité politique et dont les prérogatives sont incompatibles avec l’exercice d’un mandat électif.
En théorie comme en pratique, la loi est claire : le Grand Chancelier ne peut être candidat à une élection politique sans avoir au préalable démissionné. Ce manquement constitue une anomalie juridique. Plus encore, l’élection de M. Barqué en tant que Président du Sénat le place dans une situation de double fonction incompatible.
La Cour constitutionnelle, qui a validé les candidatures à l’élection sénatoriale, aurait dû constater cette incompatibilité manifeste et déclarer M. Barqué inéligible. En effet, les deux postes qu’il cumule désormais répondent à des logiques institutionnelles opposées : l’un est honorifique, non électif et impartial ; l’autre est politique, partisan et électif.
Ce cas met en lumière une défaillance dans le contrôle des candidatures et interpelle sur la rigueur de notre système institutionnel. Les membres de la Cour constitutionnelle sont désormais attendus au tournant. Ils doivent se prononcer avec clarté et fermeté pour préserver la cohérence juridique et l’intégrité des institutions.
Affaire à suivre…
Francine DZIDULA
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