Une société sans valeur, sans idéal ni modèle. Une société corrompue. Une société en perdition, telle est, aujourd’hui, la société togolaise.
Les jeunes n’ont plus de modèle à qui s’identifier. Plus de repère. Comment pouvait-il en être autrement quand le mensonge et la délation sont promus au titre de valeur. La cupidité et la concussion sont bien vues. On s’étonne aujourd’hui que la jeunesse excelle dans le vice.
Aujourd’hui, dans la société togolaise pour réussir il faut faire la politique. Pour être bien vu, il faut faire l’éloge du Président de la République, du parti au pouvoir.
Aujourd’hui, on s’étonne que nos athlètes-déplacés au frais du contribuable-que dis-je, nos ambassadeurs s’affichent ostensiblement aux couleurs politiques et à l’effigie du Président de la République.
Quand les établissements scolaires qui doivent être neutres sont peints aux couleurs de partis politiques sans que cela ne choc personne. Quand les marchés de nos villes et campagnes sont badigeonnés aux couleurs de partis politiques sans que cela ne dise rien à personne. Quand un cahier offert à un orphelin dans un coin du Togo profond est floqué à l’effigie du président de la République sans que cela n’émeuve personne. On ne peut s’étonner que nos athlètes en fassent autant.
Ces jeunes athlètes ont, juste, compris que pour être dans les bonnes grâces des décideurs de la République, il faut montrer son accointance avec le Président de la République, avec le parti au pouvoir.
Une telle démarche viendrait du Président du Comité national olympique du Togo (CNOT), Deladem Akpaki, président de l’Association Restons Faure aux initiales #RF ( ces agissements lui ont valu d’être chassé du NET, le parti de Gerry Taama) figurent sur les T-Shirts portés par les athlètes.
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C’est ainsi que les athlètes togolais qui participent aux 5èmes Jeux de la solidarité islamique à Konya en Turquie, avec le palmarès d’une médaille d’argent là où d’autres on fait carton plein, ont décidé de dédicacer l’unique médaille glanée au Président de la République en s’affichant avec son image en espérant être reçus par ce dernier une fois rentrés à Lomé. Voilà le deal ! Le clin d’œil de nos athlètes. Qui est fou, diriez-vous !
Tout le monde sait que c’est une histoire de « pom-pom » qui est derrière. Et depuis là-bas, nos athlètes préparent le terrain à être bien reçus, pour avoir la patte grasse.
Ainsi, donc nos athlètes qu’ils soient sur le territoire national ou en dehors, savent qu’aucune réussite n’est possible s’ils n’ont pas la chance d’être reçus par le Président de la République, s’ils ne sont pas dans le sillage du pouvoir. Or, le sport, cette valeur noble, cette valeur unificatrice transcende les couleurs politiques. Et chaque togolais doit se retrouver en ces athlètes indépendamment de son chapelle politique. Dans l’histoire récente du Togo, le sport a joué ce rôle d’unification du peuple togolais. En 2006, chaque togolais indépendamment de sa chapelle politique s’est retrouvé dans les Eperviers, s’est senti concerné par la victoire ou l’échec de la sélection nationale. Si aujourd’hui avec une médaille récoltée on ne peut pas unir les Togolais, il faut s’inquiéter pour l’avenir de ce pays.
C’est vraiment inquiétant pour notre pays cette perte de valeur. Même la jeunesse sur qui repose l’avenir du pays, n’est pas épargnée.
Que peut-on attendre alors d’une jeunesse qui ne croit plus à la valeur du travail pour réussir mais à des raccourcis pour parvenir ?
Si les gens, des athlètes, sont prêts à tout pour réussir, il faut cependant éviter de mêler le sport national à leur histoire politique. Le sport est aujourd’hui le seul élément unificateur de la nation togolaise, si tant qu’elle existe cette nation togolaise. C’est en ce sens que l’indignation du public sportif se comprend.
Si la réponse du ministre des Sports a été prompte, elle manque cependant de courage. Le ministre aurait pu dans son courrier adressé au président du Comité national olympique du Togo (CNOT) demandé une enquête pour trouver les auteurs de cette mascarade qui ne viendrait même pas à l’esprit d’un athlète d’un pays du golfe arabique, pays réputés très fermés aux idées innovantes. Mais ici, on ne peut pas punir un athlète qui fait l’éloge du Président de la République. Faure Gnassingbé n’est le président Mahamadou Issifou du Niger qui a fait embastiller ses partisans qui lui demandent de briguer un troisième mandat. Mais de grâce enlevez nos noms dans vos business!!!
Albert AGBEKO
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