Take a fresh look at your lifestyle.

Massina Yotroféi, l’homme qui entretient des relations tumultueuses avec la presse admis à la retraite. Retour sur les relations entre l’homme et la presse

 

 



Aussi puissants sont les hommes, ils finissent un jour par passer derrière le rideau. Tel sera le cas du sulfureux colonel Massina Yotrofei,  l’ex directeur de la gendarmerie national et de huit autres officiers supérieurs des Forces armées togolaises (FAT) qui viennent d’être admis à faire valoir leurs droits à la retraite d’ancienneté à compter du 1er janvier 2023.

Selon l’arrêté rendu public par le ministre des Armés dès janvier 2023, le colonel Yotroféi et ses autres compagnons reviendront à la vie civile. Militaire on est avant tout civil et on reviendra un jour à la vie civile. Les 9 officiers après plusieurs années passées  au sein  de la grande muette devront se résoudre désormais à faire face aux nouvelles exigences de la vie civile. Depuis la nomination de Dame Marguerite Gnakade à la tête du ministère des Armées, elle rend périodiquement public les départs à la retraite. Même si en décembre 2021, elle avait gelé les départs à la retraite.

Ainsi, Yotroféi est admis à la retraite sans avoir atteint le plus haut grade de l’armée, le Général, comme il l’espérait selon les confidences de La lettre du continent parue  il y a quelques années.

En septembre 2021, l’ancien chef des services de renseignement quitte la tête de la gendarmerie pour le poste moins glorieux de l’inspecteur général adjoint des Forces armées.

Le colonel Massina est aussi un homme des dossiers noirs. Son nom est cité dans l’affaire de l’affaire des tortures à l’ANR (service de renseignements) dont le rapport d’enquête a été truqué.

En janvier 2010, ses éléments de  l’ANR  sont accusés d’avoir saisi  aux mains des commerçants nigériens du grand marché de Lomé, une forte somme en devises estimés à 1,7 milliard de CFA à l’aéroport de Lomé.

En 2012, il est accusé d’avoir manigancé pour que le nom de Pascal Bodjona, l’ancien ministre de l’Administration territoriale soit cité dans l’affaire dite d’escroquerie internationale dont a été victime le riche émirati Abass El Youssef.

Son implication dans les répressions des manifestations de l’opposition et la démission du Premier ministre Gilbert Fossoun Houngbo lui sont également imputées.

 

Lire aussi CNDHa 33 ans : retour sur le rapport falsifié

 

Entre Massina et les journalistes le courant ne passe très bien souvent. En août 2011, les journalistes togolais surtout ceux rassemblés au sein de « SOS Journalistes en danger » avaient exigé sa démission.

Le 25 juillet 2011, cette association avait organisé une conférence de presse pour alerter l’opinion sur la menace qui plane, menace qui viendrait de l’ANR, sur plusieurs  journalistes jugés très critiques à l’endroit du pouvoir en place. Le 02 août, l’Union des  Journalistes Indépendants du Togo (UJIT), ensemble avec l’organisation des employeurs des médias, le Conseil national des patrons de presse (CONAPP), et l’organe d’autorégulation des médias, l’Observatoire togolais des médias (OTM) ont rencontré les autorités togolaises et demandé l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur ces menaces graves. Ces organisations ont été appuyés par la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) qui a « interpellé les autorités togolaises sur la sécurité de dix (10) journalistes qui reçoivent des menaces de mort au Togo dans l’exercice de leur profession, et qui sont accusés d’être critiques à l’endroit du régime ».

 

Lire aussi : Togo : Une semaine après le coup d’Etat militaire en Guinée, après le Cameroun c’est le tour du Togo de réorganiser son armée

 

« Nous condamnons ces menaces graves sur la vie des journalistes, et interpellons le Président de la République de tout mettre en œuvre pour garantir la sécurité des journalistes au Togo» avait écrit Beth Costa, Secrétaire Générale de la FIJ.

Au lendemain de cette sortie, le gouvernement avait réagi en parlant de « montages scandaleux et d’affabulations grotesques » dénonçant par la même occasion des attaques systématiques contre l’Agence national de renseignement.

Dans la foulée la marche de SOS Journaliste en danger pour exiger la démission de Massina Yotrofei a été dispersée à coup de gaz lacrymogène.

Les noms des 9 officiers concernés par l’admission à la retraite

Le colonel Dolama Malana, Mangorgou  Monigbeni, Massina Yotroféi, Awizoba Kanyiyade-Egoulou, Abalo Kodjo Patanaam, Akarim Warakoum, Alibder Kokou, le lieutenant-colonel Tchassama Tchakinguéwé et le commandant Danigue Tchamititchan

 

 

Lire un reportage sur la marche des journalistes en août 2011 pour exiger la démission de Massina Yotroféi

 

Les journalistes demandent la démission du Colonel Yotroféi Massina de la tête de l’ANR, dans les 72heures

 

La marche de «SOS Journaliste en danger» qui devrait chuter sur l’esplanade du Palais des congrès de Lomé s’est transformée en un sit-in devant l’Ambassade de France. Les forces de l’ordre par les tirs de gaz lacrymogène ont contraint les manifestants à se replier devant la représentation diplomatique française.

« Notre objectif n’était pas de venir ici (ndlr : l’Ambassade) mais Dieu aidant eux-mêmes nous ont amené ici, nous pensons que le Président Sarkozy a aussi écouté nos doléances », a déclaré M. Ferdinand Ayité, le président de SOS journaliste en danger à la clôture de la manifestation. Il a par ailleurs, convié la population à être à l’écoute pour répondre à d’autres mots d’ordre si leur revendication n’est pas respectée.

M. Ayité n’a pas manqué de lancer un appel en direction des leaders politiques : « unissez-vous sur le minimum pour sauver ce pays de ceux qui pillent ses ressources sinon l’alternance se fera sans vous».  A ceux qui croient que par cette manifestation les organisateurs sont guidés par le souci d’avoir des visa pour s’expatrier «Ils se trompent. Nous n’allons partir de ce pays, nous n’irons nulle part. C’est notre pays, et c’est ici que  nous allons œuvrer à son développement»

Auparavant dans une déclaration, lue par Mlle Fabbi Kouassi, l’Association «SOS Journaliste en danger», a condamné « ces projets et tentatives de musèlement de la presse et a exigé des garanties d’un climat favorable au libre exercice de la profession ». Et face à ce péril que fait planer le pouvoir sur la liberté de presse au Togo, « SOS journaliste en danger » demande :

-L’ouverture d’une enquête sérieuse sur les allégations de menaces de l’ANR à l’encontre des journalistes,

-La démission du Colonel Yotroféi Massina de la tête de l’ANR, dans les 72heures à compter du lundi 8 août 2011,

-la réouverture sans conditions, des radios privées fermées illégalement par l’ART&P,

-la démission du Directeur de l’ART&P, Palouki Massina et la recomposition de l’Institution.

Cette marche des journalistes est appuyée par les organisations de défense des droits de l’homme (ODDH). Elles  ont tenu aussi a adresser un message aux autorités et  à la foule rassemblée devant l’Ambassade de France.

Dans ce message, elles ont rappelé les actes de tortures dont elles ont connaissance et qui se déroulent au sein de l’Agence nationale de renseignement (ANR) et la lettre qu’elles ont adressée au chef de l’Etat pour qu’il fasse cesser ces agissements de cette Agence placée sous autorité, mais laquelle lettre est demeurés sans suite. C’est pourquoi, elles ont réitéré leurs demandes à savoir:

-la clarification du statut, du rôle, des prérogatives et du fonctionnement de l’ANR,

-le transfert immédiat et sans délai de tous les détenus qui sont encore dans les locaux de l’ANR, vers d’autres centres de détentions habiletés à les accueillir,

-la cessation immédiate de tous les actes de torture, exactions et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants commis sur des personnes incarcérés dans la dite Agence,

En outre, les ODDH signataires de cette déclaration à savoir l’ACAT-Togo, ATDPDH, CACIT, CTTDH, JDHO, LTDH exigent :

-la démission pure et simple du colonel Massina Yotroféi et sa traduction par devant les juridictions togolaises compétentes,

-demandons l’ouverture immédiate et sans délai d’une enquête sur les menaces dont font l’objet les journalistes, ainsi que sur les actes de tortures dont sont victimes les personnes détenus à l’ANR,

-regrettons et dénonçons les propos du ministre de la Sécurité et de la protection civile, le colonel Lama-Gnatta selon lesquels « l’ANR s’acquitte scrupuleusement de sa mission dans le cadre de ses attributions».

Tous les corps socioprofessionnels derrière les journalistes.

Outre les ODDH on a remarqué que plusieurs corps socio-professionnels de la nation étaient aux côtés des journalistes pour cette marche notamment ceux qui avaient menés des actions ces derniers temps et que les journalistes avaient abondamment relayés. Ainsi on a pu identifier dans la foule des étudiants, des médecins, des employés de la zone franche, des conducteurs de taxi-moto et même des chômeurs… bref tous les aigris de la République. Les partis politiques n’étaient pas du reste. Agbéyomé Kodjo était dans le cortège. Il serait reparti peu après les tirs de gaz lacrymogène, Thomas N’Soukpoè, le président du Bac, le dernier né des partis politiques était aussi dans la foule sans oublier plusieurs responsables du FRAC avec tous les partis membres : l’ANC, ADDI, PSR.

Malgré que la marche n’ait pas abouti à son point de chute initiale, les organisateurs n’ont pas  caché leur satisfaction. 

Bien que cette agence soit décriée par plusieurs associations pour des séances de torture qui s’y pratique en son sein,  le ministre a « réaffirmé que l’Agence Nationale de Renseignements s’acquitte scrupuleusement de sa mission dans le cadre de ses attributions qui sont clairement définies par les textes et dans le strict respect des procédures en vigueur dans notre pays ».

 

Albert AGBEKO

E-Mail: togoscoop@gmail.com

Tél : (00228) 90 96 63 64/ 99 56 57 88 : Pour vos reportages, annonces et publicité, contacter le service commercial de votre site Togoscoop.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Accept Read More

Privacy & Cookies Policy