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TOGO :Les ministres sommés de régler leurs propres factures

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Le 23 mai 2025, le ministre de l’Économie et des Finances du Togo, Essowe Georges Barcola, signait une circulaire inédite : désormais, les ministres devront payer eux-mêmes leurs factures d’eau et d’électricité à usage domestique. Une mesure, nous dit-on, prise dans un souci de rationalisation des dépenses publiques, d’équité et de « sobriété de l’État« . Sur le papier, l’initiative semble vertueuse. Mais à bien y regarder, elle soulève plus de questions qu’elle n’en résout.

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Un aveu d’abus institutionnalisé

TOGOCOM DEVIEN YAS

Avant toute chose, cette mesure révèle une réalité peu reluisante : jusqu’en mai 2025, les ministres togolais faisaient supporter à l’ensemble des contribuables les frais de fonctionnement de leur vie privée. Voilà pourquoi ils peuvent augmenter ces frais pour les citoyens sans se sourciller. Qu’un ministre puisse faire payer ses consommations d’eau et d’électricité personnelles par le Trésor public relève d’un privilège indéfendable dans un pays où une large majorité de citoyens peine à accéder à ces mêmes services de base. L’officialisation de la fin de cette prise en charge sonne donc comme un aveu d’un système clientéliste longtemps toléré, voire encouragé.

Un geste symbolique à faible impact budgétaire

Si l’intention affichée est de rationaliser les charges de l’État, encore faudrait-il savoir quel était le coût réel de ces prises en charge pour le budget national. Combien de millions ont été engloutis dans le confort personnel de quelques-uns ? En l’absence de chiffres, cette mesure risque de ne rester qu’un geste cosmétique, sans véritable portée budgétaire. Un symbole destiné à masquer une inaction plus large sur les réformes de fond, comme la lutte contre la corruption, l’opacité dans les marchés publics ou les dépenses faramineuses liées à certaines institutions.

Une réforme qui souligne l’écart entre élites et citoyens

Par ailleurs, la lettre ministérielle met l’accent sur « l’exemplarité attendue des hauts responsables publics ». Or, l’exemplarité ne saurait se limiter à payer sa propre facture d’électricité. C’est un minimum moral. L’écart entre les privilèges des élites et la réalité vécue par la majorité de la population togolaise reste vertigineux. Exiger des ministres qu’ils se conforment à des règles basiques que tout citoyen respecte de fait depuis toujours ne peut être brandi comme une avancée majeure.

Une transition « fluide » vers la normalité ?

Enfin, le ton de la circulaire, qui appelle à une « transition fluide » vers la prise en charge personnelle de ces factures, témoigne d’un monde à part. Dans quel autre univers faudrait-il organiser une « transition » pour que des adultes responsables paient eux-mêmes leur eau et leur électricité ? Ce qui est présenté comme un effort presque héroïque relève en réalité de la norme la plus élémentaire du civisme.

Un changement de façade

Loin d’être un tournant audacieux dans la gouvernance publique, cette décision apparaît davantage comme un pansement sur une plaie béante. Elle ne doit ni faire oublier les années de privilèges indus ni servir d’alibi pour retarder d’autres réformes essentielles. La véritable sobriété de l’État ne viendra pas d’un geste isolé, mais d’un changement structurel, d’une transparence renforcée, et d’un alignement réel entre les discours et les pratiques.

En somme, si cette mesure marque une rupture, c’est surtout avec le bon sens qui aurait dû prévaloir depuis longtemps.

 

Francine DZIDULA 

E-mail :togoscoop@gmail.com 

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