Personne ne devrait mourir dans la douleur : un appel à l’action médiatique

Une dizaine de journalistes issus des médias publics et privés du Togo ont été formés le jeudi 22 mai 2025 sur les soins palliatifs. Cette session, organisée par la Division de la surveillance des maladies non transmissibles en partenariat avec Hospice Africa Uganda — pionnière dans le domaine en Afrique — visait à impliquer les professionnels des médias dans le plaidoyer en faveur du développement des soins palliatifs au Togo.

Qu’est-ce que les soins palliatifs ?

Les soins palliatifs représentent une approche centrée sur la personne, visant à améliorer la qualité de vie des patients — qu’il s’agisse de nouveau-nés, d’enfants ou d’adultes — atteints de maladies graves, chroniques ou évolutives. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ces soins cherchent à soulager la douleur, tout en prenant en compte les dimensions physiques, psychologiques, sociales et spirituelles de la souffrance.
Chaque année, plus de 20 millions de personnes dans le monde ont besoin de soins palliatifs, dont près de 80 % vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire comme le Togo. Ce besoin est en constante augmentation, notamment en raison de la progression des maladies non transmissibles et du vieillissement de la population.
Une urgence sanitaire au Togo
Au Togo, la situation est préoccupante. Concernant le cancer, on estime à environ 7 000 le nombre de personnes touchées selon les données de l’OMS. L’enquête STEPS réalisée en 2021 révèle une prévalence croissante des maladies chroniques : près de 30 % des Togolais âgés de 18 à 65 ans souffrent d’hypertension artérielle, environ 6 % sont atteints de diabète, et les cas de cancer sont également en hausse.
À cela s’ajoute la charge des maladies infectieuses chroniques, notamment le VIH/SIDA, qui touche encore environ 1,9 % de la population, soit plus de 100 000 personnes nécessitant des soins palliatifs chaque année. Pour ces patients, la douleur — souvent intense et persistante — constitue le principal symptôme.
Une nécessité pour un système de santé plus humain
Face à cette situation, la Division de la surveillance des maladies non transmissibles appelle à une intégration pleine et entière des soins palliatifs dans le système de santé.
« Les soins palliatifs ne sont pas un luxe. Ils sont un droit. Car chacun a droit à la santé. Chaque vie mérite d’être vécue et accompagnée avec dignité, y compris dans ses derniers instants. Personne ne devrait souffrir en silence, et nul ne devrait mourir dans la douleur », a déclaré le Prof. Belo Mofou, Chef de Division.

Un accompagnement global et continu
Les soins palliatifs ne se limitent pas au soulagement de la douleur physique. Ils englobent aussi la souffrance psychologique liée à l’annonce d’un diagnostic grave.
« L’annonce d’une telle maladie est bouleversante. Si un professionnel vous accompagne, vous conseille, vous explique, cela peut considérablement améliorer votre bien-être psychologique. Cet accompagnement fait partie intégrante des soins palliatifs », a souligné Mme Sylvia Dive, spécialiste à Hospice Africa Uganda.
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Pour elle, les soins palliatifs doivent commencer dès l’annonce du diagnostic et se poursuivre après le décès du patient, en soutenant les proches dans leur processus de deuil.
« Malheureusement, en Afrique, beaucoup ne consultent qu’à un stade avancé de la maladie, ce qui limite considérablement l’impact de cette approche », regrette Dr Eddie Mwebesa, Directeur des programmes internationaux à Hospice Africa Uganda.
Dignité jusqu’au bout
Que le patient soit en phase aiguë, en maladie chronique, hospitalisé à domicile ou en fin de vie, l’objectif reste le même : garantir une fin de vie sans souffrance inutile. « Comme le dit notre hymne national : « Nous vaincrons, nous mourrons, mais dans la dignité.” Chaque Togolais, dans la vie comme dans la mort, doit être accompagné dans la dignité », a conclu le Professeur Belo.
Des avancées timides malgré un cadre politique favorable
Malgré l’intégration officielle des soins palliatifs dans la politique nationale de santé depuis 2014, leur développement reste marginalisé. Les obstacles sont nombreux : manque d’engagement politique, absence de formation adéquate des professionnels de santé, et surtout, un financement insuffisant.

Une simple consultation des programmes de formation des écoles et facultés de médecine suffit à constater l’absence des soins palliatifs dans les cursus, qu’ils soient initiaux, spécialisés ou paramédicaux.
Un impératif de santé publique et de dignité humaine
Et pourtant, les soins palliatifs, en apportant une réponse globale, humaine et respectueuse des valeurs culturelles, sont essentiels. Ils incarnent une vision de la santé centrée sur la personne, fondée sur l’écoute, l’empathie et la dignité.
La souffrance touche toutes les dimensions de l’être humain ; il est temps que notre système de santé en prenne pleinement conscience.
Albert AGBEKO
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