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Tribune Libre d’André Kangni Afanou : « Alternance démocratique : le souffle vital pour que les nations continuent de rêver »

Dans plusieurs pays africains, le pouvoir se fige dans les mains des mêmes dirigeants, étouffant l’innovation et l’espoir collectif. À l’inverse, là où l’alternance s’opère, les nations retrouvent vitalité, créativité et confiance. Et le Togo dans tout cela ? Entre inquiétude et espoir, cette tribune d’André Kangni Afanou, un acteur de la société civile plaide pour le renouvellement comme clé de survie et de rêve national.

Alternance démocratique : le souffle vital des nations qui veulent rêver

Il est des pays où le temps politique semble s’être arrêté. Des nations où les visages qui incarnent le pouvoir sont restés figés dans la mémoire collective, comme une photographie sépia qu’on ressort à chaque élection. C’est dans ce constat, triste, que se joue une part décisive de notre avenir commun. Car l’un des grands intérêts de l’alternance démocratique, au-delà des joutes électorales et des débats partisans, réside dans sa capacité à renouveler l’énergie créatrice d’une société, à redonner foi en la politique, à permettre à un peuple de continuer à rêver.

I-L’usure du pouvoir et la fatigue de l’imaginaire

Dans plusieurs pays africains (Côte d’Ivoire, Congo-Brazzaville, Cameroun, Burundi, Guinée-Bissau ou encore Centrafrique) le pouvoir semble devenu un métier à vie. Les mêmes figures se succèdent à elles-mêmes depuis plus de quinze, vingt ou vingt-cinq ans, recyclées d’un ministère à un autre, d’un poste de Directeur général a celui de Président d’institution, celui de conseiller à celui de président de commission. Leur horizon d’action s’est réduit à une gestion du quotidien, à une politique du « court terme ». Comme l’a justement résumé l’économiste Kako Nubukpo, « le long terme, pour eux, c’est la semaine prochaine ».

Or, gouverner ne consiste pas seulement à administrer : c’est projeter une vision, donner un cap, faire rêver. Et cette faculté, aussi bien physique que psychologique, s’érode avec le temps. Lorsqu’un dirigeant ne parvient plus à imaginer le futur, il devient comptable du présent. Et le présent, sans projet, devient un fardeau pour la nation tout entière.

II-Le verrouillage des générations et le nivellement par le bas

Le drame de ces systèmes verrouillés, c’est qu’ils ne se contentent pas d’user leurs dirigeants : ils épuisent les talents. Quand les anciens, lassés mais puissants, s’accrochent aux commandes, ils finissent souvent par interdire symboliquement aux jeunes de briller. L’ascension du mérite devient une menace, l’innovation une offense, la compétence un danger. On préfère le conformisme à la créativité, le loyalisme au génie. Peu à peu, tout l’appareil social s’habitue au nivellement par le bas. Et la société perd son ressort vital : celui d’espérer que demain sera meilleur qu’hier.

III. Quand l’alternance devient motrice de vitalité nationale

À l’inverse, dans d’autres pays du continent (Ghana, Nigeria, Sénégal, Cabo Verde…), on observe une respiration démocratique, certes imparfaite, mais réelle. Là-bas, les institutions montrent des signes de vitalité. Le pouvoir change de mains, les idées s’affrontent, les visions s’opposent. Et de cette confrontation pacifique naît un progrès collectif. L’alternance, dans ces contextes, agit comme une thérapie politique : elle nettoie les habitudes, rajeunit les institutions, stimule la confiance des citoyens et rassure les investisseurs.

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C’est tout un écosystème national qui respire, parce que la certitude de la fin d’un mandat redonne de la valeur à chaque instant d’action publique. Là où la stagnation politique produit la peur et la résignation, l’alternance nourrit la responsabilité et la performance.

André Kangni Afanou

IV-Et le Togo, dans tout cela ?

Vient alors la question qui me hante : dans quelle catégorie se situe mon pays, le Togo ?

J’aurais voulu répondre sans hésitation : « dans celle des nations qui avancent, qui se renouvellent, qui rêvent encore ». Mais selon toute vraisemblance, les faits sont têtus. Depuis plusieurs années, mon pays semble s’être figé dans une boucle où l’alternance est reportée, où dans les institutions, entreprises et structures de l’Etat, les visages changent mais reviennent sans forcément proposer quoi que ce soit de nouveau. Et les pratiques n’évoluent pas. L’imaginaire national s’épuise à force d’attendre.

Je le dis avec tristesse, mais aussi avec espoir : j’espère me tromper. J’espère que l’avenir me donnera tort, que les faits viendront contredire mes craintes. J’espère qu’un jour, le Togo rejoindra la catégorie des nations qui donnent envie d’y croire. Car un pays sans alternance, c’est un pays sans rêve ; et un pays sans rêve, c’est un pays qui meurt lentement.

Je formule l’espoir que le Togo vive. Et que Dieu, pour sa part, continue de bénir le Togo, la merveilleuse Terre de mes Aïeux.

 

André Kangni Afanou

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