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UNIR-Essossimna Gnakade: La fissure?

 

Au sein du parti UNIR, le parti présidentiel, on estime que c’est une tempête dans un verre d’eau et que le parti n’est pas concerné. Toujours est-il que Marguerite Essossimna Gnakade, ex ministre des armées, vient d’être déchue de son titre de présidente de l’association des Jeunes sans frontières pour le développement du Togo (JSFDT), un mouvement satellite d’UNIR. Ce remous au sein du parti présidentiel à quelques mois des élections risque de fragiliser UNIR et fera tâche d’huile surtout au nord du pays dans un parti qui, jusqu’ici, est considéré comme un parti soudé, uni et très discipliné derrière son président fondateur.

Selon le communiqué du mouvement, c’est au cours d’une assemblée générale extraordinaire tenue le 16 juin 2023 qui s’est penchée sur les récents événements notamment les errements de certains de ses membres, qui a décidé de l’exclusion pure et simple de certains membres indélicats parmi lesquels Madame GNAKADE E. Marguerite (jusque-là présidente du Mouvement) pour des manquements graves aux dispositions statutaires . En outre, l’Assemblée Générale Extraordinaire a entériné le renouvellement de toutes les instances dirigeantes de JSFDT. Cette décision vise à insuffler une nouvelle dynamique au sein du mouvement et à assurer une gestion plus efficace de ses activités, selon le communiqué.

TOGOCOM

Du côté de la concernée on tacle le secrétariat exécutif du parti UNIR d’intimidation. Dans un communiqué relayé sur les réseaux sociaux, Mme Gnakade a dénoncé des agissements du Secrétaire Exécutif du parti UNIR visant à destabiliser son association. “Depuis quelques semaines, certains membres de notre mouvement, notamment nos responsables sont convoqués successivement par des menaces dans l’optique de participer au projet de destitution de la Présidente, Mme Essossimna GNAKADE ainsi que tous nos organes de gouvernance“, écrit celle qui était encore  jusqu’en décembre 2022 ministre des armées avant de condamner ces agissements.

Comme on le voit, le torchon brûle entre UNIR et ce mouvement qui lui est proche. Le divorce serait-il en train d’être consommé entre cette banquière et UNIR?

UNE DAME AU CARACTÈRE BIEN TREMPE

Ce qu’il faut savoir est que Gnakade n’est pas n’importe qui. Elle a été la seule femme ministre des armées depuis les indépendances du Togo. Seule personne en qui le président de la République Faure Gnassingbé a eu confiance pour remplacer son demi-frère, Kpatcha Gnassingbé, au ministère de la défense demeuré sans titulaire durant 10 ans, après la brouille entre les deux fils du Général à qui le quarteron de généraux a fait allégeance au soir du 5 février à la suite de la disparition de leur géniteur après 38 ans de règne de celui-ci.

Fille d’un ancien commandant de l’armée togolaise, épouse d’Enerst Gnassingbé, demi-frère du président Faure Gnassingbé, Gnakade a vécu dans un milieu où la force et les armes ont cours, ce qui a forgé son caractère bien trempé. Le milieu militaire ne lui est pas étranger. D’ailleurs, on l’avait vue lorsqu’elle était encore aux affaires arborer fièrement la tenue militaire.

Originaire de Tchitchao tout comme Djoua, Akila Esso-Boko ou encore le Général Félix Kadhanga, Gnakade a de bons arguments à faire valoir si le divorce venait à être consommé définitivement entre elle et son parti. Disposant d’une aisance financière, cette ancienne directrice de la BTCI pourra fédérer aisément ces nombreux frustrés du pouvoir et rallier derrière elle bon nombre des hommes en treillis. Grâce à son passage à la tête de la grande muette, elle a su renforcer et tisser son réseau.

HCRUNN

Maintenant la question se posera de savoir si on va la laisser agir. Déjà, elle n’a pas encore commencé à mener des activités sur le terrain qu’elle gêne au point qu’on a mis en branle la machine répressive dont la première action a constitué à sa destitution à la tête de son mouvement. Imaginez à Kara, la ville présidentielle considérée comme le fief du parti au pouvoir, lors des prochaines échéances électorales, une liste conduite par Gnakade.

Pour éviter un tel scénario va-t-on couper l’herbe sous les pieds de l’ex ministre des armées en invalidant sa probable candidature ou même en suscitant une affaire pour la faire taire. D’ailleurs, des bruits sussurent sur sa gestion du ministère et même quand elle était à la BTCI.

Ce qui est sûr en décidant de franchir le Rubicon, dame Gnakade a mis un pied sur un caillou car connaissant le système de l’intérieur pour avoir été un des acteurs en plein cœur sait à quoi s’en tenir. Elle sait que c’est une voie de non retour et que le système n’hésitera pas à lui mener la vie dure comme cela avait été le cas de tous ceux qui ont tenté de prendre leur distance vis-à-vis du système.

Alors de quelle marge de manœuvre dispose-t-elle pour secouer le régime dont elle a été une des filles et qui a broyé beaucoup de ceux qui ont voulu prendre leur distance?

De toutes les façons, depuis l’arrestation de Kpatcha Gnassingbé en 2009, c’est la première fracture ouverte au sein du camp présidentiel mais surtout au sein de la famille qui régente le Togo depuis plus d’un demi-siècle.

 

 

Albert AGBEKO

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