Vatican: « Habemus papam » Robert Francis Prevost devient Pape Léon XIV

 Le conclave a tranché. Ce mercredi 8 mai, les cardinaux réunis en chapelle Sixtine ont élu l’archevêque américain Robert Francis Prevost comme 267e souverain pontife de l’Église catholique. À 69 ans, ce religieux augustin prend le nom de Léon XIV et succède à François, décédé le 21 avril dernier. C’est un homme discret mais expérimenté, profondément enraciné dans la mission et la proximité avec les périphéries, qui accède aujourd’hui à la plus haute charge spirituelle de l’Église universelle.

 

Né à Chicago en 1955 dans une famille d’origines française, italienne et espagnole, Robert Francis Prevost est ordonné prêtre en 1982 après avoir prononcé ses vœux chez les Augustins. Sa vocation prend rapidement un tournant missionnaire : il part pour le Pérou, où il s’immerge dans la réalité pastorale des diocèses de Chulucanas puis Trujillo. Il y fonde une paroisse, forme les séminaristes, assume des responsabilités ecclésiales multiples et devient une figure reconnue dans l’Église latino-américaine, malgré ses racines nord-américaines.

 

Ce parcours exceptionnel l’amène en 2014 à devenir évêque de Chiclayo, avant d’être rappelé à Rome en 2023 par le pape François pour prendre la tête du dicastère pour les Évêques. Ce rôle central, chargé de nommer les évêques dans les territoires évangélisés de longue date, le place au cœur de la réforme pastorale voulue par François. Créé cardinal cette même année, Prevost gagne la confiance des plus hautes sphères ecclésiales par sa capacité d’écoute, sa connaissance du terrain missionnaire et sa vision d’une Église synodale et inclusive.

 

Son élection intervient dans un contexte mondial troublé, et le nouveau pape ne pourra éviter les défis politiques, y compris potentiellement une confrontation diplomatique avec le président américain Donald Trump, notamment sur la question migratoire. Fort de son expérience de médiateur lors des crises politiques au Pérou, Léon XIV pourra sans doute faire valoir ses talents de diplomate.

 

L’élection de Léon XIV s’accompagne cependant d’une ombre : sa gestion controversée, à la tête de sa province religieuse au tournant des années 2000, d’un cas d’abus sexuels, a été récemment reprochée par la presse américaine. Un épisode que le nouveau pontife devra clarifier pour asseoir sa crédibilité morale. Depuis, il a appliqué avec rigueur les normes du motu proprio Vos estis lux mundi sur la responsabilité des évêques en matière de lutte contre les abus.

 

Fidèle à l’héritage de François, Léon XIV se montre favorable à une plus grande place des laïcs – notamment des femmes – dans les structures de gouvernance, tout en respectant la tradition doctrinale de l’Église. Opposé à une « cléricalisation » des femmes par l’ordination diaconale, il plaide cependant pour leur participation accrue, comme en témoigne la présence féminine renforcée dans son ancien dicastère.

 

Discret, paisible, mais déterminé à poursuivre la dynamique synodale et missionnaire de son prédécesseur, Léon XIV s’inscrit dans une continuité réformiste. Son élection marque un tournant symbolique : c’est la première fois qu’un missionnaire américain d’origine augustinienne accède au trône de Pierre. Un choix qui incarne peut-être la volonté de recentrer l’Église sur l’essentiel : l’annonce de l’Évangile dans l’humilité et la proximité.

 

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