Togo : retour au calme à Lomé après les manifestations, mais forte présence militaire

Après trois jours de manifestations initiées par des influenceurs togolais de la diaspora, la capitale togolaise tente de retrouver un semblant de normalité. Ce dimanche, les rues de Lomé sont animées par les fidèles se rendant dans leurs lieux de culte pour implorer la paix, la fin des violences et la préservation de l’unité nationale. Mais l’ambiance reste pesante : le déploiement sécuritaire reste visible dans les points névralgiques de la ville.

Une ville sous haute surveillance

Malgré l’accalmie apparente, le dispositif sécuritaire reste intact. Les principales artères et carrefours de Lomé sont toujours occupés par les forces de l’ordre. À Colombe de la paix, une fourgonnette remplie de policiers est visible, tandis qu’à Bè-Gakpoto, des agents épuisés par les veilles successives se reposent à l’abri des hangars.
Sur le boulevard Malfakassa, à proximité de la station-service MRS, un pick-up militaire est en faction. Non loin de là, des gendarmes, boucliers en main, surveillent une procession religieuse organisée par les fidèles catholiques. Le carrefour cimetière Bè-Kpota, Bè-Djifa et Adakpamé, devant l’École primaire publique, affichent tous une forte présence policière. À Avepozo, c’est le Groupe d’intervention rapide de la police nationale (GIPN) qui est positionné.
Trois jours de colère et de répression
Du 26 au 28 juin 2025, les rues de Lomé ont été le théâtre de vives manifestations contre la gouvernance de Faure Gnassingbé, actuel président du Conseil des ministres. À l’appel d’influenceurs togolais de la diaspora, les citoyens ont exprimé leur rejet de la récente modification constitutionnelle, de la cherté de la vie, et de la régression des libertés publiques, notamment la liberté d’expression.
La répression a été violente. Selon plusieurs témoins et observateurs indépendants, les forces de sécurité ont fait usage de matraques, de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour disperser les manifestants. Aucun bilan officiel n’a été communiqué, mais des sources proches des organisations de défense des droits humains évoquent plus d’une soixantaine d’arrestations et plusieurs blessés.
Drames à Bè : cinq corps repêchés en 24 heures
Le quartier du Grand Bè, épicentre des contestations, a été particulièrement secoué. En l’espace de deux jours, cinq corps ont été retrouvés sans vie dans les eaux de la lagune, une situation qui suscite inquiétudes et interrogations. Les causes exactes de ces décès ne sont pas encore connues, mais des voix s’élèvent pour réclamer l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante afin de faire toute la lumière sur ces drames.
Une capitale entre prière et vigilance
Tandis que les fidèles prient pour un retour à la paix et à l’amour du prochain, la peur et la méfiance persistent dans la population. Le maintien du dispositif sécuritaire témoigne de la tension latente qui règne encore dans la ville.
Albert AGBEKO
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