4 janvier 2024: Il y a un an disparaissait Mgr Philippe Kpodzro, archevêque émérite de Lomé

 

 

Comme une traînée de poudre, la nouvelle du décès de celui qui était considéré comme le patriarche de la nation, l’archevêque émérite de Lomé et figure emblématique de la lutte démocratique du peuple togolais, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, s’est propagée sur les réseaux sociaux ce matin du 9 janvier 2024, suscitant une vive émotion au sein de l’opinion. Confirmé plus tard par la Conférence des Évêques du Togo (CET), le décès est intervenu le 4 janvier 2024 à Stockholm, où vivait en exil le prélat âgé de 93 ans, selon les précisions de la conférence.

 

Une vie au service de la foi et de la nation

Mgr Philippe Fanoko Kpodzro n’était pas seulement un homme religieux. Depuis le début des années 1990, il s’est imposé comme une figure majeure du combat pour la démocratie au Togo. En tant que président de la Conférence nationale souveraine (CNS) en 1991, il a joué un rôle clé dans la transition politique du pays. À la tête du Haut Conseil de la République (HCR), organe législatif de transition, il a incarné l’espoir d’un renouveau démocratique pour le peuple togolais.

 

Son engagement politique a atteint un sommet lorsqu’il a fondé la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK), un mouvement politico-associatif soutenant l’opposition. En 2020, il désigna un candidat dit unique de l’opposition, en la personne de l’ancien Premier ministre Agbéyomé Messan Gabriel Kodjo, qu’il a investi dans une église avec pour mission d’aller à la conquête du pouvoir politique face à Faure Gnassingbé, dont la famille dirige le pays depuis cinq décennies. Aux côtés de son protégé, le nonagénaire a parcouru le pays, mobilisant les populations dans une campagne électorale mémorable.

 

Une figure de résistance face à l’adversité

 

Malgré des résultats électoraux officiels créditant Agbéyomé Kodjo de moins de 20 % des suffrages, Mgr Kpodzro a vigoureusement contesté ces chiffres, affirmant la victoire de son candidat et appelant à la résistance. Assigné à résidence, le prélat ne pourra pas participer à la manifestation à laquelle il avait appelé le 28 février 2020, pendant que la police chargeait brutalement les manifestants.

 

Harcelé et craignant pour sa vie, l’ancien archevêque d’Atakpamé a été exfiltré vers Stockholm via Accra. Même en exil, Mgr Kpodzro n’a pas abandonné son combat pour un Togo démocratique. Il a plaidé la cause du Togo auprès des institutions européennes, dénonçant les atteintes aux droits humains et appelant à une alternance politique. Sa détermination, malgré son âge avancé et les épreuves subies, a fait de lui un symbole de courage et de résilience.

 

Un gouvernement rancunier

Cette disparition du patriarche a suscité un émoi dans l’opinion et des réactions à travers le monde, à l’exception du gouvernement togolais. Malgré le rôle qu’a joué Mgr Kpodzro sur le plan religieux et politique, le gouvernement a gardé le silence sur sa disparition. Tout d’abord en tant qu’archevêque, mais aussi comme président de l’Assemblée nationale de transition, le HCR, Mgr Kpodzro méritait un hommage national. Cependant, en raison de son engagement politique, la présence du gouvernement à son enterrement s’est réduite au strict minimum.

 

Malgré cela, c’est dans une ferveur indescriptible que le prélat a été conduit à sa dernière demeure. La population de Lomé, massée le long de l’itinéraire qu’a emprunté son cortège funèbre, lui a rendu un dernier hommage mérité à travers des chants patriotiques

Un combat inachevé

Le décès de Mgr Kpodzro est intervenu alors qu’il n’a pas vu se réaliser l’alternance politique qu’il appelait de ses vœux. Jusqu’à son dernier souffle, il a maintenu l’espoir d’un Togo démocratique et uni.

 

Sa disparition laisse un vide immense dans le cœur des Togolais, qu’ils soient croyants ou non. Mgr Kpodzro restera dans les mémoires comme un patriarche, un résistant et un visionnaire, ayant consacré sa vie à la foi et à la liberté.

 

Que son combat inspire les générations futures à poursuivre la quête de justice et de démocratie pour le Togo.

 

Albert AGBEKO

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