À Lomé, une conférence sur la monnaie déconstruit les mythes et éclaire les réalités économiques africaines
À l’occasion du 10e anniversaire de Veille Économique (VE), la capitale togolaise a accueilli une conférence de haut niveau sur le thème : « Lumière sur le concept de la monnaie : de la monnaie marchandise à la cryptomonnaie ». Au cœur des échanges : comprendre les fondements théoriques _de la monnaie, décoder les débats sur le
FCFA, l’ECO, et les projets de monnaies régionales comme celle de l’Alliance des États du Sahel (AES), tout en s’interrogeant sur le lien réel entre monnaie et souveraineté.
Un rendez-vous pour sortir du brouillard idéologique
Dans une Afrique francophone traversée par de vifs débats monétaires, cette conférence a apporté des éclaircissements factuels et pédagogiques. Le président de Veille Économique et conférencier principal, Dodji Nettey KOUMOU, a expliqué :
« Nous avons voulu offrir à nos compatriotes africains des outils techniques, scientifiques et économiques pour comprendre la monnaie, son fonctionnement, et le sens réel des débats autour du franc CFA, de l’ECO ou des cryptoactifs. »
Il a notamment révélé que la France imprime plus de 21 monnaies pour d’autres pays, et que le très critiqué compte d’opérations du Trésor français n’est qu’un rouage parmi les 32 comptes d’opérations utilisés par la zone UEMOA à l’échelle mondiale, dans huit devises différentes. Un rappel utile, loin des raccourcis viraux des réseaux sociaux.
Souveraineté monétaire : un mythe sans gouvernance ?
À ceux qui prônent une rupture immédiate avec le FCFA, le conférencier répond avec rigueur :
« Je n’ai pas voulu décourager les partisans du changement, mais j’ai insisté sur les bases théoriques qui gouvernent toutes les monnaies, qu’elles soient africaines, asiatiques ou sud-américaines. Le véritable défi n’est pas la monnaie en soi, mais la gouvernance. »
Pour lui, le bilan des 60 dernières années montre que ni la zone francophone ni la zone anglophone n’ont atteint le niveau des pays émergents asiatiques :
« Ce n’est pas la monnaie qui est responsable de nos échecs, mais la mauvaise compréhension des structures économiques par nos dirigeants. »
Une monnaie unique africaine ? Un rêve lointain
Sur l’union monétaire africaine, Dodji Nettey KOUMOU reste sceptique :
« L’histoire montre que les grandes monnaies unifiées sont nées dans la douleur, après des conflits majeurs. En Afrique, nos dirigeants restent trop attachés à leur souveraineté de façade pour envisager une union véritable. »
Une conférence saluée par les participants
À la sortie de la conférence, les participants n’ont pas caché leur satisfaction.
Ils ont salué l’atmosphère constructive instaurée par les organisateurs et ont exprimé leur gratitude pour la clarté et la richesse des interventions. Désormais mieux outillés, ils affirment se sentir prêts à participer de façon éclairée aux débats sur la création d’une monnaie régionale ou africaine, comme celle rêvée par une partie de l’opinion publique.
Notons que Veille Économique (VE), née il y a dix ans au Togo, est une association qui s’est donnée pour mission de former les citoyens africains à une lecture critique des dynamiques économiques, en dehors des passions idéologiques. Depuis sa création, en 2015, l’organisation s’illustre par ses conférences, publications et formations qui visent à faire émerger une génération d’Africains économiquement conscients et techniquement compétents.
Helly GBENE
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