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Cinéma: Katanga apparaît dans un film au FESPACO

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Le réalisateur Dani Kouyaté a remporté l’Etalon d’or du Yennega à la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Son film, Katanga, la danse des scorpions aborde la question de la folie du pouvoir. L’histoire se déroule dans le royaume imaginaire de Ganzurgu, quelque part en Afrique. Un devin annonce à Katanga, chef des armées qu’il deviendra roi. Le pays traverse de fortes tensions.

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Ce long métrage dramatique de 1h53min raconte, sous forme de conte poétique, l’histoire d’un homme pris au piège de sa soif de pouvoir. Dani Kouyaté, fils du grand cinéaste Sotigui Kouyaté, s’inspire de la célèbre pièce Macbeth de William Shakespeare pour montrer comment le pouvoir peut rendre fou.
L’histoire se déroule dans le royaume imaginaire de Ganzurgu, quelque part en Afrique. Le pays traverse une période de tensions. Le chef Pazouknam, dont le rôle est incarné par le professeur Prosper Kompaoré, vient d’éviter un coup d’Etat.

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Un devin annonce à Katanga, chef des armées, qu’il deviendra roi. « C’est le pouvoir ou la mort », lui dit le devin Lalé, personnage joué par Abdoulaye Komboudry.

Mais une autre prédiction vient semer le trouble : le fils de Bougum, qui est à la fois le bras droit de Katanga et son ami d’enfance, deviendra lui aussi roi.

En entendant cela, l’épouse de Katanga, Pougnéré, pousse son mari à tout faire pour s’emparer du trône.

Au début, Katanga est un homme honnête, fidèle à son roi. Mais sous l’influence de sa femme, il finit par céder à l’envie de régner.

« Si toi tu refuses le pouvoir, je n’ai jamais vu un soldat qui ne rêve pas d’être roi », lui lance Pougnéré. Peu à peu, cette ambition le dévore et il se transforme en tyran, prêt à tuer et à trahir pour garder le pouvoir.

Réflexion sur le pouvoir et la violence

Avec ce film, Dany Kouyaté fait le constat que dans nos sociétés, le pouvoir mène toujours à la violence. Dans Katanga, il insiste sur cette fatalité à travers plusieurs scènes d’exécutions, montrant comment la violence devient une habitude dans un régime dictatorial. Ce n’est pas la première fois qu’il aborde cette question de la lutte du pouvoir dans ses films.

Si Sya, le rêve du python sorti en 2002, Dany Kouyaté s’intéressait déjà à la soif de pouvoir dans une approche plus mystique et initiatique. Par contre, Katanga, la danse des scorpions plonge dans une brutalité plus politique, où le pouvoir n’est plus un don des ancêtres mais un objet de convoitise, arraché par la ruse, la manipulation et le sang.

Le titre du film, Katanga, la danse des scorpions est en lui-même évocateur. Le mot Katanga est une expression populaire bien connue des Burkinabè. Il évoque souvent des situations compliquées. Dire que quelque chose est Katanga, c’est évoqué sa complexité.
Au Togo, Katanga évoque le nom de l’ancien chef d’Etat-major des Forces armées Togolaise (FAT) condamné dans une affaire d’atteinte contre la sureté intérieure de l’Etat.
Eh bien, dans le film, Pazouknam, le chef le dit : « gérer le pouvoir, c’est compliqué ». En plus, ce nom fait aussi penser à la province du Katanga en République Démocratique du Congo (RDC), marquée par de longs conflits.

Et puis, il y a la « danse des scorpions », qu’il insère dans le titre pour ajouter une dimension poétique et conte dans le titre. D’une façon souple, il symbolise la dangerosité du jeu politique. Le scorpion représente le danger et la danse, le jeu de pouvoir. Dani Kouyaté montre donc que la politique, c’est un jeu risqué.

Un film qui brouille les repères
Le choix de filmer en noir et blanc donne une ambiance dramatique, mais cela efface aussi les repères de temps et de lieu. Ce mélange est renforcé par les costumes et les objets utilisés : certains sont modernes, d’autres traditionnels.

Même les véhicules sont un mélange de voitures anciennes et récentes. Cela donne l’impression d’un monde à la fois réel et imaginaire.

Mais, c’est justement là la force du choix du blanc et noir qui plonge le spectateur dans une sorte de conte. Il est difficile de situer le film dans un contexte précis. Même pour certains public burkinabè, le décor pourrait sembler étranger. Ainsi, le film pourrait s’être tenu n’importe où en Afrique, hier, aujourd’hui ou demain.

Les jeux d’acteurs avec un beau casting réalisé par Ildevert Medah, lui-même acteur dans le film est d’exception. Le jeu est si naturel et ces acteurs montrent tous les talents.

Certains acteurs renommés du Burkina Faso, joue des rôles de figurants. Ce qui ressemble à une sorte d’hommage renforçant encore l’idée de l’utilisation du blanc et noir.

Au-delà de la politique, Katanga est aussi un film psychologique. Il montre comment un homme droit et loyal peut se laisser détruire par l’ambition. Rongé par la culpabilité, Katanga devient paranoïaque et violent. Il ne voit plus la réalité, alors que tout le monde autour de lui sait qu’il court à sa perte. C’est est l’image que renvoi plusieurs chefs d’Etats à un moment de leur règne. Et des Katanga, l’Afrique en a connu beaucoup.

Le rôle caché de la femme dans le pouvoir
Le film met aussi en avant l’influence des femmes dans la politique. Dans l’ombre, elles conseillent, manipulent et parfois décident. Dani Kouyaté illustre bien cela à travers trois personnages féminins.

L’un des points forts du film est le langage en moré utilisée dans le film. Un mooré pur, recherche. Dani Kouyaté réussi à montrer toute la richesse de la langue mooré. Cependant, le sous-titrage en français ne permet de restituer toute cette force de cette langue et fait perdre une partie de la beauté du film à ceux qui ne comprennent pas cette langue.

Reprendre la tragédie de Macbeth est osé dans la mesure où cette œuvre a déjà été reprise à plusieurs reprises. Mais le réalisateur burkinabè apporte une touche africaine. A travers Katanga, la danse des scorpions, Dani Kouyaté pose une vraie question : les dirigeants africains sont-ils condamnés à répéter les mêmes erreurs, avec des coups d’État et des conflits à chaque succession ? Ou bien peuvent-ils imaginer une autre façon de gouverner ?

Certaines scènes du film rappellent clairement l’histoire récente du Burkina Faso, avec Thomas Sankara, les coups d’État successifs et l’insurrection populaire. En fin de compte, ce film invite les Africains à réfléchir aux choix politiques à faire pour éviter de tomber encore et toujours dans la violence.

Dani Kouyaté est le troisième réalisateur burkinabè qui a remporté ce prix, après Idrissa Ouédraogo ( Tilai en 1991) et Gaston Kaboré et ( Buud Yam en 1997).

Avec Burkina 24
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