Coronavirus : Le personnel soignant observe une pause-silence d’une heure ce jeudi dans les hôpitaux publics et privés
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En première ligne de la lutte contre la pandémie, le personnel soignant tant du secteur privé que public est en contact avec les patients le plus souvent sans protection adéquate. Conséquence, des contaminations parmi le personnel notamment au sein de l’équipe du service de pneumologie du CHU Sylvanus Olympio qui a accueilli les deux patientes décédées. La contamination de ce personnel de l’équipe a été révélée par votre site TOGOSCOOP mais non prise en compte dans le décompte des cas de contamination.
De nouveau cas est annoncé au centre hospitalier de Bè où une mise en quarantaine de 13 autres agents est en cours.
Ces manquements qui mettent en péril la vie du personnel ont contraint ce dernier à décider d’observer cette pause-service pour tirer l’attention des autorités du pays sur leur situation.
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Déclaration des syndicats et associations corporatistes de la santé du To-go : 21 avril 2020
Le Togo, comme la plupart des pays du monde, subit de plein fouet la pandémie du COVID- 19 depuis le 05 mars 2020. À ce jour, on a enregistré 84 cas de covid-19 confirmés dont 53 cas guéris, 25 cas actifs et malheureusement 06 décès. Parmi le personnel, 07 soignants ont été confirmés positifs au COVID-19, tous dans le cadre de l’exercice de leur fonction.
Après 6 semaines de gestion de la pandémie au Togo, alors que toute la population togolaise nourrissait l’espoir d’une régression, au vu de la diminution quotidienne de nouveaux cas confirmés, un évènement malheureux est survenu. Il s’agit de la déclaration de deux nouveaux cas le 15 avril au Centre Hospitalier Universitaire Sylvanus Olympio (CHU-SO) : une patiente hospitalisée dans le service de pneumo-phtisiologie le vendredi 10 avril 2020 et une autre reçue dans la journée du mardi 14 avril 2020 dans le même service ont été dépistées positives au COVID- 19. Les deux patientes ont transité par le service des urgences portes du même hôpital. Toutes les deux sont malheureusement décédées ; l’une au cours de son transfert et l’autre à son admission au centre de prise en charge du CHR Lomé Commune. Malheureusement 48 agents de santé ont été en contact avec ces patientes sans protection adéquate (masques, gants, surblouses etc.) et placés en quarantaine. Les premiers tests effectués révèlent un cas positif COVID- 19 parmi eux.
Le vendredi 17 avril, le centre hospitalier de Bè enregistre également un nouveau cas imposant la mise en quarantaine de 13 autres agents.
Cette situation pourrait se produire dans n’importe quelle autre formation sanitaire du pays qu’elle soit publique ou privée au regard du niveau de protection actuelle des agents de santé.
Pour nous syndicats et organisations corporatistes de la santé, il est difficile de comprendre cette situation alors même qu’il a été annoncé par le gouvernement, la réception par les autorités sanitaires d’un lot de matériel de prévention et de protection contre le COVID- 19. Le 25 mars 2020 puis le 1er avril 2020 près de 16 tonnes de matériel médical, destiné à la riposte contre la pandémie du COVID-19 ont été réceptionnées.
Face à ces drames répétés, les professionnels de la santé engagés à lutter contre cette pandémie au Togo ne se sentent pas en sécurité dans leur lieu d’exercice sur toute l’étendue du territoire. Par ailleurs, il est regrettable d’entendre des déclarations fallacieuses et diffamatoires de certains responsables de formations sanitaires à l’encontre des agents de santé surtout qu’ils sont comptables de la protection de leurs personnels. Ces propos ne sont pas de nature à favoriser la sérénité et la cohésion indispensables à la lutte contre le COVID-19. Nul ne peut contester l’insuffisance des équipements de protection individuelle alloués aux structures sanitaires sur toute l’étendue du territoire national ainsi que plusieurs lacunes dans la riposte au COVID-19 qui appellent à plus d’efforts de tous.
L’ensemble des syndicats et organisations corporatistes de la santé, pour saluer la mémoire de ceux qui ont succombé à cette maladie, marquer leur soutien aux patients et aux professionnels de santé en quarantaine et dénoncer l’insuffisance de matériels de protection, décide d’observer une pause-silence d’une heure le jeudi 23 avril 2020 de 10 à 11 heures dans toutes les formations sanitaires publiques et privées.
Nous prenons acte du communiqué du gouvernement en date du samedi 18 avril 2020 rendant obligatoire le port de masques à tout le personnel soignant.
En conséquence, nous demandons au personnel soignant de ne pas prendre des risques inconsidérés. En l’absence d’équipements de protection individuelle il faut se référer par voie hiérarchique à la direction, aux délégués du personnel et aux points focaux du SYNPHOT ou aux représentants des syndicats de leur appartenance. Les masques artisanaux ne doivent pas être utilisés par les soignants à l’hôpital.
Les syndicats et organisations corporatistes de la santé saluent les efforts du gouvernement pour lutter contre le COVID-19 et l’exhorte à faire davantage. Des mesures fortes et exceptionnelles doivent être également prises à l’endroit du personnel soignant de toutes les structures sanitaires du pays en ces moments de pandémie où les risques de contagion sont très élevés.
Ils se félicitent, qu’enfin, le ministère de la santé ait pris la mesure de la nécessité de la protection de tout le personnel intervenant dans les hôpitaux. Ces mesures de protection auraient dû être rendues systématiques dans toutes les structures sanitaires de notre pays depuis la déclaration de la maladie au nouveau coronavirus par l’OMS et renforcées depuis la découverte du 1er cas index.
Ils se réjouissent d’ores et déjà que le ministère et la Coordination National de Gestion de la Riposte au COVID-19 (CNGR) mettront rapidement à disposition de tout le personnel soignant du Togo les équipements de protection individuelle, en quantité suffisante. Nous avons noté que le dernier approvisionnement de certaines structures (CHU-SO et campus, CHR Atakpamé, Tsévié, hôpitaux d’Aneho, Kpalimé…) était très insuffisant. Les nouvelles dotations doivent être faites dans un bref délai.
Les syndicats et organisations corporatistes de la santé félicitent tout le personnel soignant pour l’abnégation, le sens élevé de responsabilité et l’engagement auprès des patients par ce temps de pandémie.
Ils invitent le personnel soignant à un usage responsable des équipements individuels de protection et à un sens élevé de l’éthique professionnelle. Ils suggèrent l’utilisation des masques artisanaux en dehors de l’hôpital à l’ensemble de la population afin d’éviter la pénurie des masques chirurgicaux et FFP2. Ceux-ci devront n’être utilisés qu’en milieu hospitalier ou qu’en cas de manifestation de signes d’infection au COVID-19.
Ils félicitent et encouragent le gouvernement à concrétiser rapidement les motivations exceptionnelles annoncées pour le personnel soignant et assurent le gouvernement de l’engagement sans faille des soignants à ses côtés pour lutter contre le COVID-19.
Afin de lutter efficacement contre la pandémie au COVID-19, les syndicats et organisations professionnelles demandent au gouvernement de :
– rendre obligatoire le port de masques pour toute la population;
– interdire la vente à la sauvette des masques chirurgicaux et FFP2 dans les rues, vente qui ne doit se faire uniquement qu’en pharmacies ;
– mettre fin à la spéculation déshonorante observée sur la vente des dispositifs médicaux utiles dans la lutte contre ce fléau ;
– renforcer l’effectif et les capacités du personnel soignant ;
– mettre à la disposition des prestataires de soins l’algorithme de prise en charge ainsi que le protocole de soins pour les cas positifs et ce dans toutes les formations sanitaires.
Les syndicats et organisations corporatistes de la santé s’engagent à sensibiliser le personnel soignant au respect du code éthique en période de pandémie, à l’usage responsable du matériel qui sera mis à sa disposition et au travail encore bien fait.
Le SYNPHOT propose également, pour améliorer la lutte et éviter la propagation du virus dans les structures sanitaires, la mise en place d’un corridor de soins. Ce corridor sera expérimenté dans les jours à venir sur deux sites pilotes à Lomé. Le document sera remis au comité sectoriel pour adoption puis vulgariser à toutes les structures sanitaires.
Le SYNPHOT formera et mettra à disposition des deux sites pilotes, des professionnels de santé bénévoles pour aider à la mise en œuvre du corridor de soins en attendant le renforcement de l’effectif du personnel soignant par le gouvernement.
Tous nos remerciements à tous ceux qui sont engagés dans cette lutte contre la pandémie dans notre pays en particulier les généreux donateurs du projet Solidarité personnel soignant TOGO.
Les syndicats et organisations corporatistes de la santé se tiennent toujours aux côtés du gouvernement et de la population pour vaincre cette maladie.
Fait à Lomé le 21 avril 2020
Les syndicats et organisations corporatistes de la santé