Décès du journaliste Mileck Agbokou : Les témoignages des confrères
La rédaction sportive de Radio Lomé s’effondre. Un mois jour pour jour après le décès de Fidèle Mawuena (enterré ce samedi), journaliste sportif et chef de division, c’est le tour d’un des monuments de la presse sportive togolaise Mileck Désiré Séna Agbokou qui vient de rendre l’âme dans la fleur de l’âge. Il avait 49 piges.
Formé à l’Ecole supérieure des techniques et arts de la communication (ESTAC-2ème promotion), Mileck Désiré Séna Agbokou, a intégré la fonction publique à la suite du concours générale de recrutement de 2009. Passionné de radio depuis sa tendre enfance, il imitait les retransmissions des matchs de football depuis le collège.
A radio Lomé où il a été affecté après le concours, Mileck Agbokou s’est imposé comme un élément incontournable de la mère des Radios. A la division sportive où il avait travaillé sous des grands noms de la presse sportive togolaise notamment Hans Masro, Komla Eklou…, il a acquis de l’expérience en plus du talent qu’il avait déjà.
Au départ de ces grands noms, il avait redynamisé le desk sport de radio Lomé en animant des émissions au ton libre et en recevant une diversité d’invités. Au cours d’une de ses émissions en direct, il lui a été reproché d’avoir laissé un invité critiquer un ministre des Sports du gouvernement de l’époque. Cela lui avait valu une suspension d’antenne.
Promu chef Section sport, le jeune natif de Kpadapé dans le canton de Fiokpo, dans le Kloto, est un travailleur exigeant ce qu’il transmet aux jeunes surtout les stagiaires qui passaient entre ses mains. A ce poste et en sa qualité, au cours d’une émission, il avait demandé qu’on illumine le studio de la radio d’ampoules (sur les 4 ampoules, il n’y a qu’un qui s’allumait les trois autres grillées) en direct. Certainement après plusieurs demandes infructueuses. Une demande qui lui a valu une demande d’explication suivie de sanction.
Le franc-parler de Mileck Agbokou ne plaît pas à tout le monde surtout sur un média national qui est suivi sur tout le territoire national même s’il n’anime que des émissions sportives. A la suite de cet incident, il y a moins de trois mois, il sera alors affecté à la direction de la production et échange sans responsabilité. Un véritable coup dur pour celui qui aimait trop bien le micro.
Après ces disparitions coup sur coup à Radio Lomé, il ne reste qu’un seul journaliste sportif fonctionnaire d’Etat.
Il avait raté l’opportunité de se rendre aux Etats-Unis. Il faisait partie des gagnants de loto dans les années 2010 à qui l’ambassade américaine avait refusé de se rendre sur le territoire américain et qui ont fait des sit-in durant plusieurs semaines en face de l’Ambassade.
Il était promoteur d’un tournoi de football dans le Kloto dénommé ATP qui a démarré hier dimanche.
Il a environ dix jours, il était tombé malade. Et cette maladie qui l’a emportée cette mi-journée du lundi 8 juillet 2024 laissant derrière lui sa femme et ses trois enfants.
TEMOIGNAGES DES CONFRERES
« Une anecdote de lui : Quelqu’un lui a donné le numéro du Président Faure Gnassingbé. Pour lui cela peut être vrai et faux ce numéro et il me le donna aussi. Un jour lorsqu’il faisait un direct depuis la piste d’atterrissage de l’aéroport de Lomé pour l’arrivée des chefs d’Etats pour un sommet de l’UEMOA au Togo, par mégarde son téléphone, appelle deux fois le numéro du président de la République, sans qu’il ne le sache. Après le président le rappelle en disant : « vous venez de m’appeler », ne voyant pas le numéro il répond au président que c’est plutôt lui qui l’a appelé et le président de la République raccroche. Quelques minutes plus tard, il vérifie le numéro et il se rend compte que c’est le président de la République qui l’appelé parce qu’il l’avait appelé sans le savoir. Il l’a su à travers la voix de son interlocuteur. Il m’a confié qu’il raté une opportunité », confrère 1.
« Mileck ou encore Désiré (comme moi je l’aime l’appeler) est pour moi la vraie incarnation de la résilience. Il m’a appris que même sans rien dans la poche, je peux sortir souriant. On se soutenait depuis l’école. Unique fils de sa maman, Désiré Agbokou a toujours des anecdotes à raconter pour me faire rire. Il a laissé un grand vide dans ma vie. Je vois encore ses enfants, des petits accrochés à lui à la maison. Mileck et sa femme ont été nos témoins lors de mon mariage et j’étais son témoin de mariage. Beaucoup de choses nous unissent. J’ai la gorge nouée », confrère 2.
« C’est quelqu’un de simple, travailleur mais qui n’accepte pas qu’on lui manque du respect et il ne passe pas par 4 chemins pour le dire », confrère 3.
Albert AGBEKO
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