
La dette publique en Afrique est souvent présentée comme un problème en soi. Pourtant, l’endettement n’est pas intrinsèquement mauvais. De nombreux pays à travers le monde se financent par la dette pour investir dans leur développement. La question essentielle n’est donc pas « y a-t-il de la dette ?« , mais bien « à quoi a-t-elle servi ? »

Dans plusieurs pays africains, l’endettement a permis de financer des infrastructures, de soutenir des réformes structurelles ou de combler des déficits temporaires. Toutefois, lorsque cette dette finance des projets mal planifiés, peu rentables ou entachés de corruption — les fameux « éléphants blancs » — elle devient un poids pour l’avenir. Le service de la dette s’alourdit, les marges budgétaires se réduisent, et l’État peine à investir dans les secteurs prioritaires comme la santé, l’éducation ou la productivité.

Il est donc urgent de déplacer le débat : au lieu de se focaliser uniquement sur le niveau d’endettement ou le stress budgétaire, il faut interroger « la qualité de la dépense publique« . Chaque emprunt doit être justifié par sa rentabilité sociale ou économique, mesuré en impact et soumis à une gouvernance rigoureuse.
La dette n’est pas l’ennemie du développement. C’est son usage mal avisé qui l’est. Repenser la dépense publique, c’est s’assurer que la dette d’hier ne devienne pas l’obstacle de demain.
Louis Latévi LAWSON
Économiste, Fiscaliste et Planificateur.