En perte de vitesse dans l’opinion, Gerry Taama, le président du Nouvel engagement togolais (NET), se démène comme un beau diable dans le bénitier, tentant vainement de reconquérir le cœur de ses abonnés voire ses militants. C’est ainsi qu’il a lancé dans la soirée du jeudi 4 avril 2024 une opération de rachat.
Pour y arriver, le député aux milles interventions sur les réseaux sociaux pour zéro proposition de loi, a choisi son domaine de prédilection : les réseaux sociaux.
Au cours d’un live sur Tiktok, le réseau social chinois qui fait fureur en Afrique et particulièrement en milieu jeune, plus d’un millier d’abonnés ont suivi le président du NET en lui posant des questions sur les conditions dans lesquelles s’est déroulé le vote sur le changement de la constitution.
Dans ses tentatives de répondre à ses followers, le député dit des choses qui, au lieu de laver son honneur l’ont beaucoup plus enfoncé. De bourde en bourde, Gerry Taama se confond en excuse et mea culpa.
Le mea culpa publié au lendemain de son direct sur sa page Facebook, ce vendredi 5 avril 2024, est révélateur que l’Assemblée nationale a dû certainement taper sur les doigts de ce buveur de lait qui se prend pour le propriétaire des bœufs.
« Je tiens à rappeler que les dépouillements se font en présence des scrutateurs envoyés par tous les groupes parlementaires et que celui de notre groupe parlementaire était bien associé à ce dépouillement. A aucun moment, il n’a relevé la moindre fraude. Il s’agit d’une boutade qui s’est glissée dans un live de 2h de temps et qui était déplacée. Je présente toutes mes excuses à l’assemblée nationale pour ces interprétations erronées et pour toutes les nuisances que ceci a pu avoir sur sa crédibilité », écrit Gerry Taama tentant de revenir sur ses propos de la veille créditant des fraudes lors du vote sur le changement de constitution.
C’est un secret de polichinelle que les résultats sortis des urnes au Togo ne sont pas fiables. Mais qu’un député, élu du peuple, confirme ces soupçons et va plus loin en disant qu’au sein de la Représentation nationale on modifie, traficote les votes des députés, c’est grave. Ces propos méritent que la lumière y soit faite.
Quelle crédibilité peut-on donner à un parlement qui peut se permettre de modifier le vote des députés ?
Ces propos du député Taama met en doute tous les votes qui se sont déroulés au cours de cette législature. Si on peut manipuler un vote une fois, c’est dire qu’on peut le faire deux fois…
Ces propos jettent également du discrédit sur le vote de la modification de la constitution qui cristallise la tension dans le pays puisque le président du NET affirme qu’il a des preuves matérielles que tous les députés de son parti ont voté contre le texte. Comment se fait-il que le résultat rendu public, il n’y ait qu’un seul député sur les 91 ayant participé au scrutin qui a voté contre ? A éclairer…
Ces accusations sont si graves (et ne doivent pas être prises uniquement sur le prisme d’un direct sur un réseau social) que le bureau de l’Assemblée nationale doit mettre en place une commission d’enquête pour vérifier ces affirmations. A défaut, le Procureur de la République se devrait d’ouvrir une information judiciaire sur le sujet pour éclairer la lanterne des citoyens togolais. Gerry Taama doit être écouté et présenter ses preuves aux enquêteurs.
Ces propos sont suffisamment graves pour qu’une suite ne lui soit pas donnée.
Au demeurant, si c’est un parlement comme celui-là qui va élire les futurs présidents de la République sans débat en plus. On peut déjà mettre en doute les résultats qui en sortiront.
Quoiqu’il en soit, le député Gerry Taama tournera sa langue prochainement plusieurs fois avant de l’ouvrir.
Francine DZIDULA
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