Interview de Gabiam Kokou, PCA de l’APSFD-Togo : « Les femmes sont au cœur de l’inclusion financière au Togo »

À l’occasion d’une conférence publique réunissant les commerçantes de Lomé, Golfe et Agoè, Kokou Gabiam, le Président du conseil d’administration de l’Association Professionnelle des Systèmes Financiers Décentralisés du Togo (APSFD-Togo) revient sur les enjeux de la microfinance au Togo. De la satisfaction des bénéficiaires aux défis du remboursement des crédits, en passant par la baisse des taux d’intérêt, il fait le point sur les avancées et les perspectives du secteur.

TOGO SCOOP INFO : Pourquoi une telle conférence publique ?
Kokou Gabiam : Nous avons organisé une conférence publique avec les femmes des marchés de Lomé, Golfe et Agoè, couvrant 23 marchés. L’objectif était d’échanger avec elles sur leurs préoccupations concernant les services de microfinance : leur satisfaction, les difficultés rencontrées et leurs attentes. Nous en avons aussi profité pour présenter une enquête de satisfaction réalisée auprès de 523 revendeurs et revendeuses, afin d’évaluer leur perception de l’accueil et des services financiers offerts par les institutions de microfinance.

TOGO SCOOP INFO : Quels sont les principaux résultats de cette enquête ?
Kokou Gabiam : L’étude montre que les femmes sont très attachées aux institutions de microfinance, qui sont leurs principaux partenaires financiers. Elles y trouvent les ressources nécessaires pour financer leurs activités. Cependant, certaines préoccupations ont été exprimées, notamment sur les taux d’intérêt, la qualité de l’accueil, la rapidité de traitement des dossiers de crédit et la proximité des institutions avec les réalités des marchés.
TOGO SCOOP INFO : Concernant le taux de crédit, quelles préoccupations ont été soulevées et quelle est votre réponse ?
Kokou Gabiam : Les taux de crédit étaient une préoccupation, mais il faut noter les efforts consentis. Aujourd’hui, la tendance est à la baisse : les institutions proposent des taux variants entre 12 % et 14 %, contre les 18 % souvent évoqués. Cette diminution résulte d’un engagement des institutions pour faciliter l’accès au crédit, malgré les coûts de refinancement qu’elles doivent supporter.
TOGO SCOOP INFO : Quelle est la suite de cette initiative ?
Kokou Gabiam : Cette conférence s’inscrit dans le cadre des activités organisées pour la Journée du 8 mars. Le 29 mars, une grande caravane réunira les institutions de microfinance des communes du Golfe et d’Agoè. Elle parcourra les artères de Lomé, débutant au siège de l’association professionnelle et se terminant au marché d’Attikoumé. Nous invitons tous nos clients à se joindre à cet événement festif, car les femmes représentent une part essentielle de notre clientèle et de l’inclusion financière.
TOGO SCOOP INFO : Quelle est la place de la microfinance dans l’économie togolaise ?
Kokou Gabiam : Les institutions de microfinance jouent un rôle central dans le financement de l’économie togolaise. L’encours de crédit accordé par ces institutions atteint plus de 350 milliards de francs CFA, avec plus de 4,5 millions de bénéficiaires, soit environ 60 % de la population. Elles sont un levier essentiel pour favoriser l’inclusion financière et l’autonomisation des ménages et des petites entreprises.
TOGO SCOOP INFO : Quelles sont les principales préoccupations des institutions de microfinance ?
Kokou Gabiam : Le principal défi aujourd’hui est le remboursement des crédits. Une augmentation de plus de 86 % des retards de remboursement a été constatée, ce qui menace la pérennité des institutions. Il est crucial que les bénéficiaires honorent leurs engagements afin que les services financiers restent accessibles et abordables pour tous.
TOGO SCOOP INFO : Quelles solutions explorez-vous pour améliorer le remboursement des crédits ?
Kokou Gabiam : Nous avons mené une enquête pour identifier les causes des impayés et analyser l’évolution du portefeuille de crédit sur les trois dernières années. Cette étude a permis de définir des pistes d’action pour inverser la tendance. Nous misons sur le renforcement des capacités et l’accompagnement des bénéficiaires pour améliorer la gestion et le remboursement des crédits.
TOGO SCOOP INFO: Que dites-vous des préoccupations concernant le refus de pièces de monnaie et de billets endommagés ?
Kokou Gabiam : Le problème vient d’un manque de compréhension : nous ne fabriquons pas la monnaie, nous ne faisons que la faire circuler. Malheureusement, certains refusent d’accepter des billets ou pièces légèrement endommagés. Nous avons sensibilisé les commerçantes à ne pas rejeter ces moyens de paiement et à se rapprocher des institutions de microfinance pour l’échange des billets abîmés. Nous collaborons avec la banque centrale pour faciliter ce processus. Cependant, les billets tachés d’encre ou portant des cachets ne sont pas acceptés. Nous appelons donc chacun à respecter l’intégrité des billets pour assurer leur usage normal.
TOGO SCOOP INFO : Un dernier mot pour conclure ?
Kokou Gabiam : Merci pour cette opportunité d’échanger. Nous continuerons à œuvrer pour le développement de la microfinance et l’inclusion financière au Togo.
Propos recueillis par Albert AGBEKO
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