Jubilé d’or de la TVT : La construction du nouveau siège de la chaîne l’autre scandale de la République
La Télévision togolaise (TVT), la chaîne publique togolaise, a 50 ans. L’histoire retiendra que c’est le 31 juillet 1973 que Gnassingbé Eyadema, le président de la République d’alors, a fait entrer le petit écran dans les foyers togolais.
Baptisé radio-télévision de la nouvelle marche (RTNM), cette chaîne avait pour missions principales d’assurer l’éducation de la population, la promotion du développement économique du pays, la distraction des téléspectateurs et surtout, la création et le maintien de l’union, de la paix et de la solidarité entre les Togolais.
Seul organe télévisuel du paysage audio–visuel togolais jusqu’en 2001 (année où la TV2 fait son intrusion dans le paysage audiovisuel togolais), propriété de l’Etat, TVT, est à son service exclusif. Diffusée à ses débuts en blanc et noir, et uniquement dans la région de Lomé, elle s’est au fil des années étendue à l’ensemble du territoire grâce à l’installation des antenne-relais.
LE FIASCO DE LA NUMERISATION
En 1981, elle diffuse en couleurs, est aujourd’hui en haute définition. Elle est sur satellite depuis 2011. Mais son processus de numérisation reste un grand scandale de la République. Lancé en grande pompe par le Premier ministre Ahoomey-Zunu, ce processus a avait donné grand espoir aux professionnels des médias qui nourrissaient le rêve de voir construire un siège digne de leur ambition et du rôle que joue la communication dans la société mais ils ont vite déchanter. Le projet ne sortira jamais sous terre.
Confié à Société générale, une société aux contours flous, le projet comptait deux volets. D’une part, il s’agit de mettre en place le réseau de transmission en TNT avant juin 2025, date butoir donnée par l’UEMOA aux pays membres pour changer leur chaîne analogie en numérique. Et d’autre part, la remise à niveau de toute la partie technique de la télévision nationale. Cet axe comporte le site, les pylônes et autres…
Les travaux du siège démarrés au niveau de l’Ambassade américaine, dans le nouveau quartier administratif de Lomé, ne se sont jamais achevés. Les responsables de la société après avoir empoché plus de 20 milliards de F CFA se sont volatilisés dans la nature sans être inquiétés. Les ministres qui ont monté ce scandale financier ne sont non plus inquiétés alors que les voleurs de poule sont présentés chaque soir sur les écrans de cette même télévision. Tout se passe comme si dans ce pays une carte blanche est donnée aux gros pilleurs de la République. Pendant ce temps, le HAPLUCIA amuse la galerie dans des séminaires interminables au point de se demander combien faudra-t-il organiser avant de passer à l’action.
Au moment où on sablera le champagne pour le jubilé d’or de la mère des télés au Togo, la TVT, pour les 50 prochaines années doit faire face à de nouveaux défis.
Le premier est celui d’être réellement « au cœur de la vie » des Togolais, comme l’indique son slogan, se faire aimer par ces derniers. Au moment où la concurrence est de plus en plus rude dans l’espace télévisuel avec l’ouverture de notre espace aux chaînes étrangères, la TVT doit se réinventer. Elle doit être une chaîne proche de sa population ceci par des productions et programmes qui répondent aux attentes de ces dernières.
LE DEFI DU PROFESSIONNALISME
Ensuite, dans l’immédiat nommer un directeur à la tête de la chaîne. La meilleure façon pour le ministre des médias et de la communication de démentir à chaque fois qu’il n’est pas le directeur de la TVT, c’est de nommer un nouveau directeur pour couper court à ces informations qui le citent comme cumulant son poste ministériel avec celui du directeur de la chaîne. Et en la matière, ce n’est pas les talents et les compétences qui manquent dans la boite et en dehors.
Et enfin, il faut réformer cette télévision nationale. Une réforme structurelle ; peut-être l’Office posera les jalons mais aussi une réforme de mentalité axée sur le professionnalisme du personnel. Car si la télévision nationale considère l’équilibre dans le traitement de l’information comme une obligation de service public et abandonne la propagande, cela va rejaillir sur la presse dans son ensemble qu’elle soit privée ou publique. C’est le mépris de la déontologie par les acteurs de cet organe qui donne carte blanche à tous les délits dans d’autres médias. Et sur ce point, le ministre de la Communication et des médias a un rôle important à jouer.
En attendant le prochain cinquantenaire pour le bilan et le centenaire, souhaitons joyeux anniversaire à la TVT.
Francine DZIDULA
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