Kpalimé : Que pensent les habitants de l’implantation des feux tricolores

Le samedi 15 septembre 2024, les autorités de la ville de Kpalimé aux côtés du ministre de l’enseignement primaire et secondaire ont inauguré des feux tricolores dans la ville touristique togolaise de Kpalimé. C’est largement suffisant, quelques heures après, pour qu’on assiste à une levée de boucliers sur les réseaux sociaux. Le geste est tourné en dérision par les internautes, qui le trouve rétrograde en ce XXIème siècle.
Mais que pensent les premiers concernés, les habitants de la ville de Kpalimé de cette inauguration. Togo Scoop a promené son micro dans la ville.

En nous promenant ce mardi autour de midi dans la ville une scène nous a surpris. Alors que les nouveaux feux de signalisation étaient au rouge, un motocycliste qui n’a pas observé l’arrêt a été hué par les élèves qui rentraient à la maison à telle enseigne qu’il a été contraint de s’arrêter à quelques mètres devant.
Cette scène qui peut être anodine pour certains, est révélateur que la jeunesse de Kpalimé, s’est appropriée les valeurs civiques et ne veut pas se faire compter les bonnes manières.
A quelques mètres de là, au carrefour Texaco, nous croisons Prosper, un conducteur de taxi-moto. Il donne son appréciation sur l’inauguration des feux tricolores : « C’est une bonne initiative. Elle contribue au développement et au rayonnement de la ville. Et nous ne pouvons que remercier les initiateurs de ce projet et implorons la grâce du Seigneur sur eux. Mais nous voulons encore l’implantation d’autres feux de signalisation notamment au niveau du carrefour Bakoula, de l’hôpital et au carrefour du marché Château afin que toute la ville soit couverte. Sinon, c’est une bonne initiative et nous demandons à la population de respecter ces signalisations ».
Kokou, un autre conducteur de taxi-moto ne comprend pas pourquoi l’inauguration suscite tant de commentaires sur les réseaux sociaux : « C’est une erreur de se moquer de cette initiative. Toute action est digne d’être honorée. Même si tu as à ton actif plusieurs enfants déjà quand vint un autre on procède à sa sortie, c’est pour l’honorer. Donc, ceux que disent les gens sur les réseaux sociaux je crois que c’est de l’ignorance. Cette initiative a besoin d’être inauguré. D’ailleurs, nous étions ici le samedi quand le préfet et le maire étaient venus pour l’inauguration alors qu’il pleuvait. Nous aurions souhaité qu’ils nous associent, nous les conducteurs de taxi-moto, à l’inauguration afin qu’on puisse continuer à sensibiliser les nôtres mais tel n’a pas été le cas. Mais je dis que cette action vaut la peine d’être inauguré ».
« Je dirais que l’implantation des feux de signalisation doit être faite dans la ville depuis. C’est même insuffisant. S’il peut y avoir d’autres opportunités pour la ville, ce sera bien. Et c’est pour le développement de Kpalimé. Depuis l’inauguration, beaucoup apprécient cela et disent que le développement de Kpalimé est en marche. C’est ce que nous voulons. Nous demandons au maire de faire davantage », déclare Robert.
Du côté des revendeurs du pain au niveau du carrefour, l’implantation des feux tricolores est diversement appréciée. Si certains approuvent l’initiative parce que désormais les voitures sont obligées de marquer un arrêt quand le feu est au rouge et par conséquent procèdent à l’achat du pain avant de redémarrer ; d’autres trouvent que les feux tricolores ne favorisent pas leurs activités. « Avant nous vendons bien mais avec les signalisations quand les voitures s’arrêtent le temps d’aller les servir et leur trouver la monnaie elles démarrent pour ne pas encombrer la voie quand le feu vire au vert or avant elles prenaient le temps qu’elles voulaient », confie Ama.
« Bientôt, Kpalimé sera comme Lomé, on va devoir nous faufiler entre les voitures avant de vendre. Nous ne disons pas que ce n’est pas bien de doter notre ville de feux tricolores mais nous ça ne nous arrange pas bien qu’avant ces feux il y avait beaucoup d’accident dans la ville », .
Ghafur, chauffeur trouve que les feux tricolores « contribuent au développement de la ville. Le fait que les conducteurs de taxi-moto roulent à vive allure à un peu diminué. Néanmoins, nous suggérons que la voie venant du grand marché-monument et qui débouche au carrefour soit transformée en sens unique car elle n’est pas grande. Quand les voitures s’arrêtent au niveau des feux tricolores du carrefour Texaco, celles qui viennent en sens inverse ont des difficultés à se frayer le passage. Elles sont obligées de ralentir ou attendre que celles qui se sont arrêtées au niveau des feux démarrent d’abord ».
Pour Idriss « les critiques n’ont pas de sens. C’est parce que c’est notre première fois c’est pourquoi les gens réagissent ainsi. Mais nous demandons aux autorités de ne pas regarder de ce côté. L’essentiel c’est que les voitures et les motos ne filent pas comme avant et ça évite les accidents et embelli la ville ».
« Dès fois arrivé au carrefour pour traverser la route, c’est difficile pour nous. Maintenant comme il y a les feux tricolores c’est plus facile. On évite les accidents », Hamdia, élève.
« J’ai fait la capture d’écran d’une publication d’un journaliste devant les feux tricolores que j’ai envoyé à mes partenaires européens qui viennent souvent dans la ville et qui déploraient l’absence des feux tricolores. Mes partenaires ont apprécié l’initiative », rapporte Khefas, un acteur travaillant dans le domaine des organisations non gouvernementales.
Notons que le tout premier feu de signalisation est apparu à Londres le 9 décembre 1868. Il est alors bien éloigné de la version que nous connaissons. Inventé par l’ingénieur John Peake Knight et monté sur un pied d’acier à 7 mètres de haut, il était composé de 2 écriteaux pivotants indiquant « stop » et « prudence » et surmontés par une lanterne à gaz pouvant éclairer en rouge ou en vert.
Albert AGBEKO
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