Dans le cadre de la justice transitionnelle, le Togo franchit une étape cruciale en abordant la question de la réparation mémorielle. Un atelier de trois jours, ouvert le mardi 10 décembre 2024 à l’hôtel 2 février de Lomé, réunit des acteurs clés pour réfléchir à cet aspect délicat mais essentiel de la réconciliation nationale.

Présidant la cérémonie d’ouverture au nom du Chef de l’État, le Garde des sceaux et ministre de la Justice, le professeur Mipamb Nahm-Tougli, a exhorté les Togolais à abandonner les « paradigmes destructeurs » et à cultiver un véritable sentiment d’appartenance nationale.

Un passé qui divise, une mémoire à réconcilier
Dans son allocution, le ministre a souligné les fractures persistantes au sein de la mémoire collective togolaise, qui continuent d’alimenter la méfiance et de saper le lien national. « Malgré les progrès enregistrés ces dernières années, plusieurs pans de notre mémoire divisent encore les Togolais », a-t-il déclaré. Ces divisions s’expriment autour des événements marquants de l’histoire nationale et des figures emblématiques qui les ont portés.

Le ministre a également dénoncé l’usage clivant de la mémoire collective, qualifiant cette situation d’ »ubuesque ». Il a déploré les célébrations séparées et les querelles autour des grandes figures historiques, ainsi que les attaques contre certains hauts faits de l’histoire nationale à travers des écrits et des discours polémiques.
Pour répondre à cette situation, il a réaffirmé l’engagement du gouvernement à construire une « mémoire collective de référence » et à réparer les torts causés à cette mémoire.
Une avancée dans le processus de justice transitionnelle
Prenant la parole, Mme Awa-Nana Daboya, Médiatrice de la République et présidente du Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN), a rappelé le chemin parcouru depuis l’Accord Politique Global (APG) de 2006. Elle s’est réjouie des progrès réalisés dans les volets de réparations individuelles et communautaires, tout en saluant les efforts pour aborder désormais les réparations mémorielles.

La Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) dont le HCRRUN est l’émanation, estime que ces réparations permettront de guérir les blessures mémorielles et de consolider les efforts de réconciliation nationale. Parmi les mesures envisagées figurent le rebaptême de rues et places publiques aux noms de victimes, pour rappeler à la mémoire collective l’importance de ne plus reproduire les erreurs du passé.
Symboles et perspectives
Des projets tels que le rapatriement du corps de l’ancien président Sylvanus Olympio, l’érection de stèles ou la dénomination de rues à la mémoire de figures historiques ou des victimes comme Tavio Amorin sont également envisagés. Ces initiatives visent à honorer les victimes et à restaurer un sentiment d’unité nationale.
À l’issue de cet atelier, des consultations sectorielles seront organisées pour inclure toutes les couches de la société togolaise dans cette démarche.
Avec cet engagement pour la réparation mémorielle, le Togo marque une étape décisive dans son processus de réconciliation nationale, en jetant les bases d’un vivre-ensemble durable et apaisé.
Albert AGBEKO
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