

Le weekend du 17 septembre 2023 et les jours suivants, les Togolais ont déboursé jusqu’à 2000 F CFA pour s’acheter le litre de carburant. Conséquence du manque d’approvisionnement des autorités en charge de la commande du précieux liquide. Au lieu que les auteurs qui ont failli à leur mission provoquant ce dysfonctionnement qui a paralysé l’économie nationale soient sanctionnés, au contraire, c’est la population que le ministre du Commerce, de la consommation locale et de l’artisanat, Mme Rose Kayi Mivédor-Sambiani, a menacé de sanction pour non-respect du prix. Or pour parler du prix il faut que le produit existe d’abord.

Toujours dans le domaine pétrolier et parlant du cas de la très médiatisée affaire dite « PetroleGate», ce sont les journalistes lanceurs d’alertes qui ont été condamnés par la justice. Pendant ce temps, les mis en cause se sont tirés à bon compte.
Pratiquement les mêmes journalistes seront encore poursuivis par des ministres du gouvernement et condamnés jusqu’à ce que mort s’en suive pour certains et d’autres contraints à l’exile pour sauver leur peau.
Cette semaine, le lycée du 2 février d’Agbalépédogan, a été fermé deux jours après la rentrée par le ministre le professeur Dodzi Komla Kokoroko pour décrépitude avancée du bâtiment. Alors qu’on est en droit d’exiger des comptes aux autorités qui n’ont pas pu prendre une telle décision pendant les vacances pour éviter des dépenses supplémentaires aux parents et perturbant les cours aux élèves, c’est l’enseignant qui voulait comprendre la situation qui a écopé d’une exclusion même si finalement la sanction a été rapportée sous pression.
Nous citerons également le cas de la centaine d’enseignants qui, il y a deux ans, a été exclue du corps enseignant pour avoir fait usage du droit à la grève pourtant reconnu par la constitution.
Ces exemples d’abus de pouvoir, nous pouvons les multiplier à profusion. Des cas également dans lesquels les autorités ont détourné et pour lesquels la population a été contrainte à payer la peau cassée sont nombreux. L’exemple pâtant est celui de la route Lomé-Vogan de triste renommée. Et pour laquelle un autre prêt a été consenti et qui sera payé par le contribuable (c’est-à-dire toi et moi et nos enfants) alors que les détourneurs sont libres comme l’air. Nous citerons également le cas des Fonds COVID dans lesquels certains ministères ont été épinglés par la Cour des comptes et que le gouvernement a rangé le dossier.
Quand ces situations arrivent, c’est seule que la population les affronte. Alors que les leaders d’opinion qui doivent jouer leur rôle d’éclaireur en prenant le parti du peuple et en lui montrant la voie à suivre par la dénonciation mais aussi par des actions pour que les auteurs de ces malversations soient poursuivis conformément aux lois, ils se terrent chez eux. Le pays est risqué personne ne veut plus prendre le risque. La défense des intérêts collectifs est devenue aujourd’hui le dernier des soucis du Togolais.
L’opposition quant à elle ne se préoccupe guère de cette situation qui en principe devrait être du pain béni pour elle. Tenez ! en une législature presque finie, jamais on n’a vu le chef de file de cette opposition, ne serait-ce que, réagir pour condamner une situation qui met à mal à l’aise les citoyens. Mais Dieu seul sait qu’il en existe et que bien d’autres sujets sociaux devraient intéresser un vrai chef de file de l’opposition.
Quant à l’Assemblée nationale, le lieu par excellence du débat contradictoire ; elle est devenue une caisse de résonance du pouvoir où les députés qui coûtent un rein au contribuable togolais n’ont jamais introduit une demie proposition de loi, encore moins interpeller un ministre sur un sujet brûlant d’actualité. Or, quand ils étaient extra-parlementaires on pensait que le monde allait changer avec leur venue façon ils vilipendaient leurs collègues qui y étaient. Maintenant qu’ils y sont c’est sur les réseaux sociaux qu’ils alimentent les débats en désertant le parlement où ils devraient en principe faire voter les lois. Mais parcourez seulement leurs réseaux sociaux vous vous rendez compte qu’il y a une multitude de sujets sur lesquels ils doivent agir. Mais hélas ! ils en ont cure pourvu qu’à la fin du mois ils touchent leur indemnité. Comment pouvait-il en être autre s’ils ont été nommés pour « boire du lait et non pour compter les bœufs ».
Conséquence, même le parlement ne sert plus à grand-chose, le contre-pouvoir est bafoué. C’est la population qui en pâtit.
Même si nous admettons que nous sommes dans une démocratie en construction, admettons tout de même que si nous avons des contre-pouvoirs puissants, des institutions fortes qui obligeraient nos gouvernants à réfléchir à plusieurs reprises avant de prendre certaines décisions. Mais là, ils savent qu’ils n’ont personne devant eux. Devant c’est du vent comme le dirait quelqu’un. Et c’est bien dommage !
Dans un pays où il n’y a pas de contre-pouvoirs, c’est la porte ouverte à toutes les dérives. Et personne n’est à l’abri. On ne peut souhaiter cela pour son pays. Actionnons des mécanismes de contrôle de l’action citoyenne, de contre-pouvoir puissant pour établir des bases saines d’une société juste et équitable où les droits de chacun et de tous sont respectés, pour éviter des dérives suicidaires à notre pays.
Albert AGBEKO
E-Mail: togoscoop@gmail.com
Tél : (00228) 90 96 63 64/ 99 56 57 88 : Pour vos reportages, annonces et publicité, contacter le service commercial de votre site Togoscoop.