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Niger : La situation politique prend une autre tournure

 

 

Les putschistes nigériens font des ouvertures aux États-Unis et tiennent à distance les entreprises militaires russes, Wagner PMC, du moins au stade actuel de la transition du pouvoir.

La rapidité avec laquelle Washington a déployé Kathleen FitzGibbon, un passionné de l’Afrique avec une expérience dans le domaine du renseignement, en tant que nouvel ambassadeur à Niamey, indique que la diplomatie est la voie privilégiée tout en gardant toutes les options sur la table.

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Rassemblement pro-coup d’État au Niger après la menace d’une intervention militaire

 

Dans un éditorial, le Washington Post note aujourd’hui que “les deux armées [américaine et nigériane] ont travaillé en étroite collaboration au cours de la dernière décennie : Les officiers se connaissent bien et les généraux nigériens n’ont pas été considérés comme anti-américains”.

De même, le communiqué du département d’État américain sur l’ambassadeur FitzGibbon souligne que sa mission précipitée vise à “soutenir les efforts pour aider à résoudre la crise politique en ce moment critique” et que son “objectif diplomatique sera de plaider en faveur d’une solution diplomatique“.

Il est intéressant de noter que le document se limite à demander la libération du président déchu et des membres de sa famille et ignore la demande spécifique antérieure concernant sa réintégration. Le document laisse entendre que la diplomatie américaine ratisse large et ne se limitera pas à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

La veille de l’arrivée de l’ambassadeur FitzGibbon à Niamey, le New York Times a publié une interview d’Ali Lamine Zeine, le premier ministre désigné du Niger. Il est certain que Zeine, le plus haut responsable civil de la junte militaire, parlait au nom des généraux et s’adressait au public occidental.

Les remarques de Zeine suggèrent que la cabale au pouvoir à Niamey est intelligente et qu’elle pourrait avoir une vision à long terme, en cherchant à s’engager directement avec les États-Unis. En effet, la CEDEAO elle-même est prise entre deux feux après son premier face-à-face avec le chef du coup d’État, le général Abdouramane Tchiani, au cours du week-end.

La mission de médiation de la CEDEAO était dirigée par le général Abdulsalami Abubakar, homme d’État et faiseur de rois extrêmement influent, dernier chef d’État militaire du Nigeria et source d’autorité morale, qui avait tenu sa promesse de remettre le pouvoir à un gouvernement démocratiquement élu, faisant ainsi du rêve tant attendu des Nigérians une réalité.

À son retour de Niamey, M. Abubakar a informé le président Bola Tinubu et s’est ensuite adressé aux médias, où il a exprimé son optimisme quant au fait que la crise au Niger ne risquait pas de s’aggraver au-delà de la diplomatie. Interrogé sur la possibilité d’éviter une action militaire de la CEDEAO au Niger, M. Abubakar a déclaré : “Il faut espérer que la diplomatie permettra d’améliorer la situation. Personne ne veut faire la guerre, cela ne rapporte rien à personne, mais nos dirigeants ont dit que si tout échoue – et je ne pense pas que tout échouera – nous arriverons à quelque chose, nous sortirons de ce pétrin“.

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En résumé, le Niger est confronté à une situation “désordonnée” plutôt qu’à une situation révolutionnaire. Peut-être certains éléments bonapartistes sont-ils perceptibles – pour lesquels, bien sûr, il y a beaucoup à blâmer, car les élites africaines et leurs échecs sont un facteur majeur, non seulement parce que l’opinion publique les associe à la France, mais aussi en raison d’un double malaise dû à la pauvreté des idéologies politiques et au populisme, outre la montée de nouvelles générations de jeunes frustrés par un statu quo qui, à leurs yeux, est le fait de la France.

Il est donc important de souligner que la menace de voir la Russie combler le vide est exagérée et ne devrait pas justifier une intervention occidentale. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’une partie de l’attrait de la Russie réside dans le fait que de nombreux Africains considèrent Moscou comme une sorte d'”anti-France”. Inversement, moins la France vivra comme une ancienne puissance coloniale exploiteuse dans l’imaginaire populaire, moins l’attrait symbolique de la Russie sera grand.

On peut constater que les Russes eux-mêmes le comprennent derrière la rhétorique anticoloniale et anti-impérialiste de Moscou. Un commentaire du quotidien russe Nezavisimaya Gazeta notait il y a trois jours que “pour la Fédération de Russie, il est remarquable que les putschistes se soient pour la première fois dissociés de la Russie et des PMC de Wagner, assurant l’Occident qu’ils étaient prêts à mener une coopération politique et économique avec lui“.

Cependant, le général Tchiani, qui dirige les putschistes, ne va pas abandonner le pouvoir. En revanche, il ne répète plus que l’ancien président Bazum sera jugé. La délégation de la CEDEAO qui a rencontré le président déchu Mohamed Bazoum, a estimé qu’il n’était pas en danger imminent. Les putschistes ont tenu compte de la sévère mise en garde de Washington.

Les putschistes ont tenu compte de la sévère mise en garde de Washington.

Selon le quotidien russe, “à en juger par les récentes actions et déclarations des militaires nigériens, ces derniers ne veulent vraiment pas couper toutes les possibilités d’affrontement avec les putschistes”.

 

Yaovi AGBEGNIGAN

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