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Togo : 65 ans après l’indépendance, l’aide internationale nourrit encore les élèves

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Le 17 avril 2025, une cérémonie de lancement d’un projet de financement de l’alimentation scolaire s’est tenue à Kara, ville natale du président de la République, Faure Gnassingbé. Financé à hauteur de 7,2 milliards de F CFA par l’Allemagne via la Coopération financière, ce projet vise à soutenir, jusqu’en 2028, plus de 100 écoles et environ 28 000 élèves dans les régions de la Kara et des Savanes.

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Sans sourciller, le ministre délégué Abdul-Fattah Fofana a osé parler de souveraineté alimentaire lors de cette cérémonie : « Ce projet illustre notre ambition d’une transformation économique inclusive, fondée sur la souveraineté alimentaire et le développement rural », a-t-il déclaré.

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Passons…

Quelques jours plus tard, le 22 avril 2025, c’est au tour de la Chine d’annoncer un don de 2 400 tonnes de riz au Togo, dans le cadre de son programme d’assistance alimentaire d’urgence. Estimée à 20 millions de yuans, soit environ 1,74 milliard de F CFA, la cargaison a été livrée en quatre phases. Une grande partie de cette aide est destinée à la région des Savanes, dans le cadre du Programme d’urgence pour la région des Savanes (PURS), confrontée à la menace terroriste.

Si ces dons étaient faits à un autre moment, ils heurteraient moins. Mais en avril, mois anniversaire de notre accession à l’indépendance, le symbole est douloureux. Soixante-cinq ans après l’indépendance, il est inadmissible que le Togo tende encore la main pour nourrir sa population.

La région de la Kara, malgré sa proximité symbolique avec le pouvoir, tout comme celle des Savanes, en est réduite à compter sur l’aide étrangère pour assurer un repas aux écoliers. Pourtant, il y a cinquante ans, on proclamait fièrement l’autosuffisance alimentaire.

Une indépendance de façade

Que vaut la souveraineté politique si l’État est incapable d’assurer un repas quotidien à ses enfants ? Cette question dérange, mais elle est plus pertinente que jamais. Derrière les discours officiels sur l’autonomie – « Nous sommes fatigués de votre paternalisme », disait Robert Dussey – se cache une réalité brutale : en 2025, la nutrition des élèves togolais dépend encore largement de la générosité des partenaires étrangers.

Ces dons, aussi bienvenus soient-ils, mettent en lumière un constat accablant : le Togo n’a toujours pas assumé pleinement sa responsabilité sociale envers ses enfants.

Des milliards venus d’ailleurs pour faire le travail de l’État

Le don allemand de 7,2 milliards de F CFA vise à financer les cantines scolaires dans des zones vulnérables — une mission qui, normalement, devrait relever du budget national. À cela s’ajoute le don chinois, évalué à 1,74 milliard de F CFA. Des gestes louables, certes, mais qui révèlent un vide criant : celui de la gouvernance. Car comme dit l’adage, qui accepte un don perd un peu de sa liberté.

Peut-on vraiment se réjouir de ces aides sans poser la question essentielle : que fait l’État togolais ? Où sont les ressources destinées aux politiques sociales ? Pourquoi l’éducation, la nutrition et l’enfance ne sont-elles pas des priorités ? Le pays est capable de financer des élections sur fonds propres, mais pas les repas de ses enfants.

Une jeunesse oubliée

Dans un pays où les dépenses de prestige ne manquent pas — sommets, projets tape-à-l’œil —, il est inacceptable que des enfants aillent encore à l’école le ventre vide, faute de cantine financée par leur propre État.

Ce n’est pas une fatalité, mais le symptôme d’un système qui préfère gérer la pauvreté plutôt que la combattre. Depuis 1960, le pays a connu plusieurs constitutions et régimes, mais le visage de la pauvreté, lui, demeure.

Une urgence nationale ignorée

L’alimentation scolaire devrait être un pilier de la politique éducative. Elle pourrait s’appuyer sur l’agriculture locale, créer de l’emploi, renforcer la sécurité alimentaire et participer au développement rural. Mais cette mission cruciale a été reléguée au second plan, confiée à des acteurs extérieurs, comme une affaire annexe, dépendante de la générosité internationale.

Le prix du désengagement

Le désengagement de l’État a un coût humain. Un enfant qui a faim n’apprend pas. Un enfant qui quitte l’école faute de repas est un citoyen perdu. Malheureusement, nos dirigeants ne comprennent pas cela, ils n’ont jamais fait l’expérience de la faim. Ils l’attendent mais ne l’ont jamais vécu. Et un pays qui tolère cela, année après année, ne peut prétendre être pleinement indépendant.

À l’heure où le Togo célèbre ses 65 ans d’indépendance, il est temps de poser les vraies questions. Pas celles des symboles, mais celles de la réalité : peut-on se dire souverain quand on ne parvient même pas à nourrir ses propres enfants ?

 

Francine DZIDULA

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