Togo : Un grand est tombé !
Quand Ponce Pilate avait conduit Jésus devant le peuple, il avait crié : « Ecce homo », c’est-à-dire « voici l’homme dont il s’agit ». Un héros, un brave, une légende. Pour moi, Yves-Nicodème Anani BARRIGAH-BENISSAN était un grand homme, une légende. Avec sa mort, c’est un GRAND HOMME que le Togo a perdu.
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Je n’ai pas les ressources pour parler longuement de l’homme, il appartient à la deuxième génération au-dessus de la mienne. Mais pour l’avoir vu en action dans la jungle politique togolaise, je puis dire que feu Barrigah-Benissan fait partie d’une classe de citoyens dont le Togo ne dispose point. Peut-être y en a-t-il encore mais c’est lui seul qui, pour le moment, a accepté de mouiller le maillot pour son pays.
Oui, c’était un grand homme. Pour moi, feu Yves-Nicodème est l’un des rares sur place à pouvoir se jeter à l’eau pour essayer d’amener les politiciens togolais, plus divisés et adversaires (ennemis ?) que des femmes d’un harem de nouveau riche. Avec la CVJR, il a tout fait afin que le pays s’engage sur le chemin du consensus et de l’harmonie nationale. Il a parlé, expliqué, supplié, démontré mais en vain.
Ailleurs, la chance de certains pays, c’est de disposer de grands hommes qui, dans les moments pénibles et inquiétants, peuvent se lever et prendre leur bâton de pèlerin pour ramener tout le monde sur le chemin du bon sens et de la fierté nationale. Feu Yves-Nicodème a été le seul à prendre le risque, à faire le grand saut sans l’inconnu. Advienne que pourra.
Je sais, pour avoir été très impliqué dans la presse politique en ces années, que la tâche ne lui a pas été facile. Il m’était parvenu les froufrous de ses rêves, de ses espoirs, de ses craintes, de ses déceptions ; j’avais également appris qu’à un moment du processus de la CVJR, il a informé la hiérarchie épiscopale de son ras-le-bol et de son essoufflement face aux mille et un blocages, face à la volonté manifeste d’un camp de faire de la CVJR un trompe-l’œil juste bon à couillonner les crédules, à gagner du temps et à rebondir. Je sais que la hiérarchie lui avait dit : « Non. On continue et tu vas aller au bout de ta mission. »
Ce qui fut fait.
Feu Yves-Nicodème mérite une fière chandelle pour la pugnacité qu’il a montrée avec le rêve de sortir le Togo du cycle ankylosant « élections – violences – dialogue » et surtout du piège de l’impasse politique et des frictions communautaires irréversibles. Aujourd’hui, ce piège s’est refermé et Yves-Nicodème est mort.
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Du fond de son repos éternel pendant que la lumière éternelle brillera pour lui, il n’oubliera pas la déception de la CVJR et le rêve brisé de mettre sur les rails un Togo nouveau.
« Aimer, servir, se dépasser/Faire de toi, Togo chéri, l’or de l’humanité », avait écrit l’auteur de la Terre de nos aïeux. Feu Yves-Nicodème l’a essayé, la postérité le retiendra à son actif.
Je m’incline devant ta mémoire, GRAND HOMME, et je te fais cette prière : Demande à Dieu de générer de nouveaux GRANDS HOMMES comme TOI et n’oublie pas de continuer à prier pour notre pays, ce bien indivis ».
Repose en paix, GRAND !
Mawuli Avuletey