Décès de Mgr Kpodzro : Pas encore de réaction du gouvernement
L’ancien archevêque de Lomé, Mgr Kossi Philippe Fanoko Kpodzro, à 93 ans, s’est éteint le 9 janvier 2023, en Suède, pays où il vit en exil depuis bientôt 3 ans. Plus de 72 h après la disparition de l’homme de Dieu et homme politique, le gouvernement togolais n’a pas encore réagi officiellement à cette disparition. En réunion de conseil des ministres ce 11 janvier 2024, le sujet n’a pas été effleuré même dans les divers. Le président de la République très prompt à tweeter en pareilles occasions ne l’a pas fait jusqu’à présent.
« Le gouvernement est rancunier. Même au village, le sorcier présente ses condoléances à la famille de sa victime », plaisante Michel, un fervent chrétien que nous avons croisé sur la paroisse de l’église catholique de Bè-Klikamé.
Mais pour un cadre du gouvernement qui a requis l’anonymat, il n’y a pas de timing pour se plier à cette obligation.
« Le gouvernement a-t-il sorti un communiqué juste après le décès du colonel Madjoulba ? L’a-t-il fait juste après la mort des Premiers ministres Agboyibo et Edem Kodjo ? L’a-t-il fait juste après les décès des présidents de l’Assemblée nationale Fambaré Natchaba et Abass Bonfoh », s’est interrogé notre interlocuteur et de conclure qu’il le fera au moment opportun.
« Le gouvernement, ce n’est pas UNIR. Il représente tous les Togolais et c’est au nom de tous ces Togolais qu’il se doit de présenter au nom de la nation les condoléances à la famille religieuse ou biologique de cet illustre fils du pays. C’est du politiquement correct », admet Romain qui apprécie par ailleurs le geste empreint d’élégance de l’ANC qui, malgré la divergence clairement affichée avec le prélat, a présenté ses condoléances à sa famille.
Au-delà de l’absence de condoléances du gouvernement à la famille de l’archevêque Kpodzro, le débat dans l’opinion tourne prioritairement sur comment vont s’organiser les cérémonies funéraires de l’ancien président du Haut conseil de la république (HCR), parlement de transition ? De même que le rapatriement de son corps.
Mgr Kpodzro, ancien président de parlement, comme les anciens présidents décédés, a droit à des hommages nationaux. Sous réserve de son testament, son cercueil drapé de couleurs nationales devrait en principe recevoir des hommages de la République sur le parvis du siège de l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, comme cela avait été le cas pour Mgr Robert Casimir Dosseh Anyron, le tout premier archevêque togolais, décédé le 15 avril 2014, à Paris, en France, le gouvernement en accord avec le clergé devrait décider du rapatriement du corps, en tenant compte des dernières volontés du disparu. Ainsi, le gouvernement et le peuple togolais pourraient alors rendre les derniers hommages au disparu. Il ne sera pas superflu pour le gouvernement de déclarer un deuil national (d’un ou trois jours) en mémoire du disparu pour ses œuvres tant spirituelles que politiques accomplies pour le Togo.
Mgr Kpodzro 93 ans de vie dont plus de 60 ans consacrée à Dieu et à son peuple, au-delà des divergences politiques, est devenu pour la jeunesse togolaise une icône d’engagement et de foi. Pour cela il doit être honoré. Voilà pourquoi ce grand homme mérite un hommage national.
L’autre question qui se pose est de savoir si le Président de la République, Faure Gnassingbé, se rendra aux obsèques nationales du prélat ?
La question en principe ne devrait pas se poser puisque jusqu’ici le président togolais a personnellement pris part aux obsèques des anciens présidents du parlement décédés. De même qu’aux obsèques de l’ancien archevêque de Lomé. Vue la double dimension de Mgr Kpodzro : religieux et politique, il n’y a pas de raison que Faure Gnassingbé ne s’y rende pas. On se souvient que pour Mgr Robert Casimir Dosseh Anyron, Faure Gnassingbé, a assisté aux cérémonies funéraires et a participé avec les religieux à une procession à travers les artères de la ville jusqu’à la Cathédrale où a reposé le corps du l’archevêque émérite.
Vu que Mgr Kpodzro est devenu son adversaire politique, Faure Gnassingbé va-t-il accepter se plier à ces obligations ? Les grands hommes et les hommes d’Etat, qui incarnent la continuité de l’Etat se doivent de se départir des considérations partisanes et être au-dessus de la mêlée. Voilà pourquoi par principe, il n’y a pas de raison que Faure Gnassingbé ne se rende aux cérémonies funéraires de Mgr Kpodzro.
De toutes les façons un grand Homme de Dieu ne meurt jamais. Il restera toujours présent dans le cœurs de ses fidèles.
Albert AGBEKO
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