Présidence de la République : Palais de grâce ou garage ?
Plusieurs ministres démis du gouvernement et dont on avait cru à une sanction ou absence de résultats sont recyclés en conseillers du Président de la République. En effet, il suffit qu’un ministre soit démis de ses fonctions qu’on le retrouve à la Présidence de la République comme conseiller. Conséquence, on a une pléthore de ministres qui gravitent autour du Président de la République avec le titre pompeux de conseillers et dont on ne sait pas le rôle qu’ils jouent.
Les derniers qui ont rejoint Faure Gnassingbé sont Pascal Bodjona et Adoyi Essowavana, respectivement ancien ministre et ancien commissaire de l’OTR (Office togolais des recettes). Les deux ont la particularité d’être tombés en disgrâce avec le régime en place. Et qui sait si dans les années à venir Kpatcha Gnassingbé va rejoindre le lot de conseillers spéciaux du Président de la République ?
Si Pascal Bodjona a eu une traversée du désert de 12 ans dans une affaire dite d’escroquerie internationale qui l’a éloigné des affaires publiques, Adoyi Essowavana a été démis de ses fonctions pour avoir organisé en 2020 en pleine COVID un mariage pompeux à son fils. Soulignons en passant que c’est l’une des rares fois que le Président de la République a usé de célérité en démettant de ses fonctions un cadre de l’administration publique alors qu’il a toujours gardé le silence sur les affaires de détournement de fonds publics dont sont accusés ces serviteurs de la nation.
Au Togo, à la présidence de la République le titre de conseiller spécial est réservé à ceux qui sont au soir de leur carrière politique. Ils sont tellement nombreux qu’on se demande si le locataire des lieux se souvient d’eux ? On a vu très peu de personnalités politiques affublées de ce titre rebondir. De ce fait, la présidence de la République est devenue un garage?
Mais à 58 ans, Pascal Bodjona, animal politique, qui rêve de destin national ne se voit pas fini politiquement. Le titre de conseiller spécial du président de la République en charge des questions politiques lui permettra d’exister politiquement sur la scène puisque ses tentatives pour construire « sa propre hutte » n’ont pas prospéré. En politique, si ton adversaire te tend une perche, il faut la saisir pour rebondir. Ainsi, cette nomination est une aubaine pour le « ministre grand format » qui conserve une certaine aura dans l’opinion toute tendance confondue. Il saura en faire usage pour renouer le contact avec la chose publique et poser ses pions. Même s’il lui sera difficile de retrouver la place qui était la sienne avant sa déchéance, toujours est-il qu’un animal politique ne meurt jamais. Pascal Bodjona en retournant à la maison bleue a sa carte à jouer. Dans les années à venir et si son mentor ne se présente pas, il faudra compter avec lui. Il a l’étoffe et la carrure.
Francine DZIDULA
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