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Marché d’Agoè Assiyéyé : La solidarité en avant après l’incendie

 

 

 

Elle venait à peine de fermer sa boutique de vente de pagnes au marché d’Agoè Assiyéyé. Deux heures plus tard, elle reçoit un coup de fil. On l’informe du sinistre qui vient de se produire. Immédiatement Azia Awa se rend sur place. La scène qui s’offre à ses yeux est inimaginable. Une grande partie du marché est en flamme. Entre pleures et gémissements, elle constate de loin que sa boutique est complètement consumée. Inconsolable, ne sachant pas à quel saint se vouer, elle pense à ses 10.000.000 FCFA qu’elle venait de contracter auprès d’une institution de microfinance pour relancer ses activités commerciales à la veille des fêtes de fin d’année. Même les ventes de la semaine gardées dans une caisse dans la boutique sont parties en fumée. Se rendant compte qu’elle a tout perdu, elle s’écroula. Transporter par deux jeunes hommes, chacun d’un côté de ses bras, elle est conduite à l’hôpital le plus proche.

Tout comme Azia Awa, des centaines de femmes de ce marché sont dans la même situation. Elles ont presque tout perdu. Face à cette tragédie, la solidarité ne s’est pas faite attendre.

TOGOCOM

Dans la même nuit, une équipe de la Commune Agoè-Nyivé 1, conduite par le maire Kovi Adanbounou, s’est rendue sur le lieu du drame pour apporter sa compassion.

Après avoir dépêché sur les lieux une délégation gouvernementale, le chef de l’Etat, Faure Gnassingbé a reçu une délégation des femmes commerçantes du marché. Au nom de la nation, il leur a exprimé le réconfort et la solidarité tout en les exhortant au calme en vue de poursuivre des réflexions pour une prompte sortie de crise.

Joignant l’acte à la parole, le chef de l’Etat, pour permettre à ces commerçantes de bien fêter la Noël a offert 1.200 sacs de riz de 25 kg, 4.000 bidons d’huile de 5 litres, une enveloppe de 150.000.000 FCFA et 6.000 feuilles de tôles et de chevrons pour la construction des hangars temporaires sur le nouveau site du marché. Il faut souligner qu’un site provisoire a été aménagé à cet effet.

En plus de ces actions, le gouvernement pour accompagner les sinistrés a pris certaines mesures. Ce sont entre autres, l’aménagement d’un site provisoire au lieu-dit Togograin ; un moratoire d’un an sur le remboursement des encours de crédit à la date du sinistre ; une mise en place d’un crédit relais à taux 0% pour faciliter la reconstitution du capital.

D’autre part, la solidarité n’a pas été qu’institutionnelle, elle s’est aussi manifestée au niveau de la population. C’est ainsi qu’à la veille des fêtes de fin d’année, dans un sursaut patriotique, des voix se sont levées pour appeler la population de Lomé et de ses environs, pour soutenir cette forme de résilience de ces femmes (qui exposaient sur le terre-plein) en allant faire des emplettes.

Dans la même dynamique, des propriétaires de maisons et de boutiques ont autorisé certaines commerçantes à exposer temporairement à leur devanture même si parfois ils vendent les mêmes articles.

« Ce marché qui vient de bruler est une affaire de nous tous. C’est pour cela que j’ai autorisé cette revendeuse à vendre devant ma boutique pour lui permettre de continuer son activité en attendant qu’on trouve une solution à cette situation qui nous pénalise tous », a confié Marie, propriétaire de boutique.

HCRUNN

« Lorsque le feu a ravagé nos sources de revenus, je me suis sentie seule et abandonnée. Mais en réalité tel n’est pas le cas puisque quelques jours après, mon fournisseur m’a proposé de me ravitailler en nouveau stock pour échelonner les payements », a déclaré Akoua revendeuse de produits de beauté et cosmétique.

Un peu plus loin, une autre commerçante affirme « c’est ma voisine qui m’a offert ce parasol sous lequel vous me voyez. C’est ça qui m’a permis d’être à l’abri du soleil ».

Cependant tout le monde n’a pas bénéficié de ce geste de générosité. Certains jusqu’à présent n’ont pas encore trouvé où exposer leur marchandise. C’est le cas d’un groupe de femmes commerçantes surpris sur le nouveau site. Plusieurs jours après la délocalisation, elles n’osent pas avouer ce qu’elles traversent. Sur insistance et après avoir rassuré l’une d’entre elles en la prenant en aparté, elle lâche entre sanglot qu’elles n’ont pas toujours trouvé de place mais elles ont décidé de venir tous les jours jusqu’à ce qu’elles trouvent satisfaction. Elles auraient été chassées sur les deux autres sites répertoriés par la municipalité par les commerçantes de là qui trouvent qu’elles vendent les mêmes choses.

Depuis le 21 décembre 2023, jour où le marché d’Agoè Assiyéyé a été consumé, les autorités togolaises ne se sont pas fait prier pour venir en aide aux sinistrés. Cependant, les victimes sont toujours dans l’attente des promesses du chef de l’Etat notamment l’octroi des crédits pour leur permettre de reprendre rapidement leur activité. Aussi, urge-t-il comme le gouvernement l’a déclaré, que les microfinances accélèrent les procédures d’octroi de prêts à ces commerçantes.

Les commerçantes elles-mêmes doivent manifester la compassion et la compréhension en faisant des concessions les unes envers les autres. Ce n’est qu’à ce prix que la relance de leur activité ne serait effective.

 

 

 

Cet article a été rédigé par Albert et 5 autres journalistes dans le cadre d’un atelier de formation sur les médias et cohésion sociale.

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