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Report des élections: Le gouvernement et la CENI en pleine navigation à vue

 

Constitutionnellement prévues pour se tenir un mois avant la fin du mandat des députés, le gouvernement s’est laissé surprendre en n’organisant pas dans les délais les élections législatives. Finalement, réuni en conseil des ministres, le Président de la République, a annoncé que ces élections auront lieu avant la fin du premier trimestre de l’année 2024. Elles n’auront jamais lieu dans cette période. Se rendant compte de l’impossibilité de l’organiser dans le délai imparti, le Président de la République en conseil des ministres le 8 février 2024 prend un décret convoquant le corps électoral sur le 13 avril 2024. Au moment où la classe politique à son corps défendant se lance dans cette bataille électorale, le Président de la République revient à la charge pour sortir un autre décret abrogeant le dernier en date du 8 février pour convoquer finalement le corps électoral sur le 20 avril 2024 soit sept jours de plus. Si ce n’est pas du cafouillage cela lui ressemblerait.

Comment peut-on faire preuve d’un tel amateurisme dans l’organisation d’une élection.  Les élections dans un pays, rappelons-le, est à part la guerre ce qui mobilise le plus de logistiques (il faut déployer le matériel, le personnel, sécuriser l’opération, avoir les moyens financiers, …). Devant ces enjeux vitaux parce qu’il suffit qu’une élection soit bâclée pour qu’un pays bascule dans la violence et le chao, on ne peut pas procéder par tâtonnement en allant de reports de quatorze jours à sept jours. Il faut prendre tout son temps pour bien peaufiner l’organisation entourant un scrutin.

TOGOCOM

C’est évident que le mandat de l’actuelle assemblée nationale est arrivé à terme. Si en 5 ans on n’a pas pu mettre les moyens en œuvre pour organiser les élections pour remplacer les députés, ce n’est pas maintenant qu’il faut courir dans tous les sens comme un diable dans l’eau bénite.

Au moment où le gouvernement qui s’est adossé sur la majorité parlementaire n’a plus de légitimité ce qu’il y a lieu de faire c’est de convoquer une assise pour définir les bases de cette organisation. Ne pas y procéder ainsi n’est pas démocratique. En démocratie, c’est le peuple qui confère la légitimité au gouvernement. Hors du cadre populaire, c’est faire un forcing.

Le mutisme surprenant de la CENI

Un gouvernement ou l’institution en charge des élections organise des élections pour la classe politique et non pour lui-même. A plus forte raison quand ce gouvernement n’a plus de légitimité, il se doit de jouer la carte de la transparence.

Des élections surprises ne sont pas des moyens adéquats de désignation des représentants du peuple. Mais la manière dont le processus électoral est conduit au Togo laisse entrevoir qu’il s’agit d’une élection surprise. Personne ne maitrise le chronogramme de l’organisation de ces élections. On a l’impression que même la CENI ne maitrise pas son chronogramme. Si elle la maitrisait on ne procéderait pas ainsi. C’est cette CENI qui induit le Président de la République en erreur en le faisant prendre des décrets et en revenant là-dessus. Ce faisant il dénie l’autorité, le pouvoir qui doit accompagner la parole d’un Président de la République. Quelle confiance peut-on accorder à un décret d’un président de la République si deux semaines après il revient là-dessus ? Qu’est-ce qui prouve que qu’après une semaine, il n’abrogera plus ce décret ? Voilà où nous conduit cette CENI.

C’est la première fois en trois décennies d’organisation d’élection législative que la CENI n’a jamais rendu public son chronogramme, n’a jamais organisé une conférence de presse pour répondre aux préoccupations de la population sur l’organisation du scrutin. Tout se déroule comme si la CENI cache quelque chose. Entourant le processus de zone d’ombres, elle créé la méfiance au sein de l’opinion, ce qui risque d’être préjudiciable au processus.

A moins de deux mois d’une élection couplée, une première dans l’histoire du pays, cette CENI ne communique pas. Or, un travail en amont doit être fait par l’institution en charge de l’organisation des élections en ce qui concerne la communication avant le début de la campagne électorale. Nos compatriotes des coins reculés ont besoin d’avoir l’information sur cette double consultation. Les médias traditionnels, les nouveaux médias, les influenceurs, les affiches… doivent être mis à contribution pour parvenir à un scrutin transparent et apaisé. Apparemment tout se fait comme si c’est fait à dessein.

HCRUNN

Lire aussi : Elections législatives et régionales : Les Togolais aux urnes le 13 avril 2024

L’autre aspect qui renforce la conviction qu’il y a un cafouillage et de la nécessité de consulter la classe politique en ce qui concerne l’organisation de ce scrutin est la caution. Précédemment fixée à 100 000 F CFA pour les législatives de 2018, cette caution est montée en flèche pour cette élection à 500 000 F CFA, montant réduit de moitié pour les candidatures féminines. Une situation dénoncée par une partie de la classe politique qui a parlé de volonté d’exclusion.

Finalement, le décret du Président de la République en date du 23 février 2024 revient également sur cette caution qui désormais est ramenée à 300 000 F CFA pour les législatives et 150 000 F CFA pour les régionales avec une réduction de moitié pour les candidatures féminines.

De là à se demander pourquoi ne pas prendre son temps pour réfléchir à tout ce qui tourne autour du scrutin avant de se lancer pour ne plus revenir sur des décisions déjà prises à chaque fois ce qui enlève le caractère sérieux du processus et encore plus à  nos institutions.

Après les législatives de 2018 boycottée par une partie de la classe politique, le processus électoral en cours a un grand enjeu. Il est important que la manière dont le processus est conduit rassure tout le monde pour des élections apaisées. Il ne sert à rien d’ouvrir encore de nouvelle brèche à un an de la prochaine présidentielle quand on n’a pas encore fini de vider totalement le contentieux de la présidentielle de 2020.

 

 

Albert AGBEKO

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