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Atchou Atchou, le Coordonateur de le CSET
Le semblant d’apaisement et de sérénité qui règnent dans le secteur éducatif togolais depuis le début de cette année académique risque de voler en éclat dans les jours à venir en raison de la duplicité et de la mauvaise foi que le gouvernement togolais a toujours fait montre quand il s’agit de résoudre une crise. Non seulement, il le fait sur le plan politique mais aussi dans le social. La stratégie bien huilée qui lui a jusqu’à présent réussie consiste à faire des concessions lorsque l’étau se resserre contre lui quitte à revenir sur ces promesses une fois la situation décantée. Cette stratégie a souvent permis au gouvernement de dresser les militants ou la base contre les premiers responsables politiques ou syndicaux traités de vendus ou corrompus. Ce faisant, il arrive à fragiliser les mouvements sociaux et politiques.
Cette stratégie il l’a encore utilisé avec la Coordination des syndicats de l’éducation du Togo (CSET) pour désamorcer la grève qui paralysait au cours de la dernière année académique les établissements scolaires publics déversant des milliers d’élèves dans les rues du pays. Une fois la suspension de la grève obtenue permettant de sauver l’année grâce à un réaménagement du calendrier scolaire à la défaveur des enseignants, le gouvernement tourne dos à ces promesses. Et pourtant lors de la signature de l’accord le 19 avril dernier, le Premier ministre Selom Komi KLASSOU mettait en garde les parties prenantes en les appelant à « faire preuve de bonne volonté en respectant fidèlement les dispositions du présent protocole d’accord ». Mais dans la pratique, il savait que la bonne volonté est ce qui manquait le plus à son gouvernement sinon la crise dans le secteur éducatif togolais trouverait solution il y a belle lustre. Que peut-on attendre d’un gouvernement dont la plupart de leurs enfants ne fréquentent pas au pays ? Ce sont les enfants des pauvres citoyens qui pâtissent de la perturbation des cours dans les établissements publics du pays.
Alors que les enseignants ont remplit la part qui leur revenait dans ce protocole d’accord, ce qui a permis de sauver l’année, à un an après la signature de cet accord le constat est que le gouvernement une fois de plus a floué les enseignants comme cela a toujours été le cas.
DUPLICITE ET FILOUTERIE
Selon le protocole d’accord signé, pour l’année 2019, et sur la base de la progression moyenne des ressources budgétaires allouées au secteur de l’éducation, estimée à dix milliards (10.000.000.000) de francs CFA au cours des cinq années précédentes, un cinquième (1/5ème) de ce montant sera consacré à l’amélioration des primes des enseignants.
Le premier trimestre de cette année est presque finissant mais les enseignants n’ont pas vu la couleur de cet engagement. Sans compter que le gouvernement s’est également engagé à revaloriser les primes des enseignants pour l’année 2018 pour un montant total d’un milliard (1.000.000.000).
Par ailleurs, un autre point de cet accord dit que « neuf dixième du montant de la revalorisation des primes sera octroyé aux enseignants en tenant compte de leurs grade et ancienneté. Le reste du montant, soit un dixième, sera octroyé aux enseignants sur la base de critères objectifs de mérite fixés par le statut particulier et définis par arrêté conjoint des ministres chargés de l’éducation nationale, des finances et de la fonction publique ».
Quant au statut des enseignants et le recrutement de nouveaux enseignants, même si le premier est adopté, il n’est pas encore appliqué. Quant au second, rien n’est fait.
Toutes ces tergiversations ont amené la CSET a relancé le gouvernement par un courrier en date du 12 mars dernier.
Dans ce courrier, la CSET rappel au gouvernement les différentes rencontres de mise en œuvre de l’accord qui, comme l’accord n’ont jamais été appliquées.
« Nous sommes au regret de constater qu’aujourd’hui, 25 jours après cette réunion, aucune suite n’a été donnée alors que l’effet financier pour le compte des deux milliards promis pour l’année 2019 devrait se faire sentir sur les salaires des enseignants à partir du mois de janvier 2019 », écrit Atsou ATCHA aux ministres en charge de l’éducation.
Il en conclut que vu qu’ils ont rempli leur part de l’accord et avons été patients jusqu’à présent, ils ne sauront plus répondre aux désagréments éventuels qui pourraient survenir dans les prochains mois.
Une menace à peine voilée à prendre très au sérieux à quelques mois du début des examens de fin d’année. Il est évident que la période des examens est souvent utilisé par les enseignants pour faire entendre raison au gouvernement, il ne serait pas exagérer de prédire que nous tendons encore vers une fin d’année mouvementée. Et là, on ne sait plus quel argument le gouvernement usera encore pour ramener la sérénité qu’il a réussi à saper par la filouterie et la duperie.
So/03/03/19
Francine DZIDULA