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Explosion de Natingou : 5 jours après les FAT accréditent la thèse de bavure

 

YAS SOWE

                                                Le chef d’Etat-major des FAT

TOGOCOM DEVIEN YAS

 

Dans toute guerre, il y a des victimes collatérales. Le Togo qui, depuis mai 2022, est la cible des groupes terroristes, n’est pas épargné par ces dégâts. Les premières victimes au plan  civil de cette guerre au Togo sont des mineurs. Il s’agit de 7 enfants dont l’âge varie entre 14 à 18 ans tués dans la nuit du 9 au 10 juillet 2022 dans une explosion à Margba dans le canton de Natigou, dans la préfecture de Tône.

Si dès les premières heures de cette explosion, les soupçons sont allés vers les groupes terroristes, très rapidement des doutes ont commencé par apparaitre vues les descriptions faites par les populations  riveraines et les moyens utilisés. En effet, jusqu’ici, les groupes terroristes qui opèrent dans la sous-région n’ont  utilisé de moyens aériens pour frapper  des cibles civiles.  C’est alors que la piste de bavure militaire est de plus  en plus  privilégiée. Très rapidement, cette piste convainc la population. A noter que l’armée togolaise n’a pas bonne presse dans l’opinion. Devant la progression de cette piste, l’Etat-major des Forces armées togolaises (FAT) sera obligé de sortir un communiqué pour présenter ses condoléances à la population et annoncer l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur ce drame qui a endeuillé plusieurs familles.

Il faut attendre 5 jours après l’explosion pour que la vérité ne s’éclate, pour que l’opinion ne soit fixée sur la cause du drame. En effet, dans un communiqué rendu public ce jeudi 14 juillet 2022, le chef d’Etat-major des FAT reconnait la responsabilité de ses éléments et a exprimé « ses regrets » face à ce drame. « C’est au cours de ces opérations qu’un aéronef en patrouille nocturne a pris malencontreusement  pour cible un groupe de personnes qu’il a confondu à une colonne de djihadistes en mouvement », lit-on dans le communiqué signé du Général de brigade Maganawe Dadja.

Mais que de temps perdu ! Pourquoi avoir attendu 5 jours avant de reconnaitre ses responsabilités dans ce drame tout en sachant pertinemment qu’on est responsable des tirs ? Les éléments des FAT déployés dans la zone savaient  d’où sont partis les tirs et qui étaient la cible, que le chef d’Etat-major sorte un communiqué 2 jours après les événements pour annoncer une enquête est la preuve que les informations ne sont pas relayées au sommet de la hiérarchie ou soit il y a eu une volonté de dissimuler les faits. La seconde option est plus plausible car dans l’armée c’est la discipline. On ne peut pas autoriser des tirs par un ‘’aéronef’’ sans que la hiérarchie ne soit informée. Ce retard avant de reconnaître la bavure corrobore  les témoignages des populations locales pour qui, si l’enlèvement des corps des enfants n’était pas filmé, il y aura une autre version.

Nous n’en sommes qu’au début de cette ‘’guerre’’, il faut que la hiérarchie ait une communication claire et joue à la transparence. C’est ce faisant qu’elle bénéficiera de la sympathie de la population. Il faut rassurer la population que c’est pour leur bien que les éléments des FAT sont déployés sur le terrain car il ne sert à rien d’avoir la population à dos.

Dans tous les cas, le regret est bien car dit-on mieux tard que jamais. Maintenant, il faut situer les responsabilités et punir ceux qui ont confondu les enfants aux terroristes comme l’ont demandé certaines organisations. Même si au Togo, les démissions ne sont pas dans les habitudes, il faut tout de même infliger des sanctions à toute la chaine de commandement.

Les familles situées maintenant sur les causes du décès de leurs enfants, peuvent faire le deuil. Pour cela, il faut un accompagnement de l’Etat. Tout récemment, un arrêté interministériel  a rendu public le montant de l‘indemnité accordéaux familles de militaire tombé sur le théâtre d’opération intérieure, il faut qu’une décision similaire soit prise en faveur des familles victimes de bavure militaire. Même si l’argent ne peut pas ramener un corps inanimé  à la vie, il soulagerait ces dernières.

Mais au-delà de tout, il faut que les familles des enfants tués reconnaissent également leur responsabilité dans ce drame. Ils ont fait preuve d’irresponsabilité car on ne peut pas comprendre que dans la région des Savanes des parents puissent laisser leurs enfants trainer dans la nuit jusqu’à 1h du matin, fusse-t-il un jour de fête. Qui sont ces parents qui ont pu  laisser leurs enfants dans la nuit jusqu’au-delà de minuit dans une région où l’Etat d’urgence sécuritaire est déclaré ? Où étaient-ils eux-mêmes quand leurs enfants traînaient dans la nuit ?

De toutes les façons le mal est déjà fait, la responsabilité située, il faut maintenant œuvrer au retour de la confiance entre les civils et les militaires déployés dans la région car nous ne cesserons de le répéter cette guerre ne sera pas gagné si les Togolais, civils tout comme militaires ne conjuguent leurs efforts, ne sont pas ensemble.  

  

Francine DZIDULA

E-Mail: togoscoop@gmail.com

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