Togo: Une république budgétivore au service des élites

Au Togo, l’État semble avoir fait de la multiplication des postes politiques une priorité… au détriment d’une gestion rigoureuse des deniers publics. Tandis que les citoyens font face à des défis économiques persistants, les dépenses liées au fonctionnement des institutions publiques s’envolent. La dernière illustration en date est l’augmentation des postes de conseillers municipaux et maires au moment où on déplore la récente hausse des frais d’électricité. Une inflation de postes qui suscite de vives critiques.


Une explosion du nombre de représentants
Le Togo connaît une véritable déferlante de nouveaux sièges. Ceci s’est accentué avec la Vème République. Le nombre de conseillers municipaux passe désormais de 1527 à 1667, soit une augmentation de 140 élus. Côté Assemblée nationale, le pays compte depuis l’actuelle législature 113 députés au lieu de 91, pendant que 61 sénateurs prennent également fonction. À cela s’ajoute une prolifération des postes dans l’exécutif : le gouvernement compte désormais 35 ministres, un chiffre impressionnant pour un pays de seulement 56 000 km².
Et ce n’est pas tout. À ces ministres s’ajoutent les conseillers spéciaux bénéficiant du rang et des avantages d’un ministre, sans oublier les 39 préfets répartis à travers le territoire.
Une architecture étatique surdimensionnée
Ce foisonnement de postes contraste fortement avec la taille et les ressources du pays. À titre de comparaison, plusieurs nations africaines bien plus vastes et peuplées n’affichent pas une telle densité administrative. La logique voudrait qu’une petite république optimise ses ressources en limitant ses structures, non en les multipliant à outrance.
Cette situation pousse de nombreux observateurs à parler d’une « république budgétivore », où le coût de la politique prend le pas sur les investissements structurants, notamment dans l’éducation, la santé ou encore l’emploi des jeunes.
Une gouvernance critiquée
Cette augmentation constante du nombre de responsables publics alimente les critiques sur la gestion des finances publiques. Pour beaucoup, cette inflation de postes ne répond pas à un besoin d’efficacité, mais à des considérations purement politiques : récompenser les fidèles, verrouiller les institutions, et maintenir un contrôle étendu sur le territoire.
Jusqu’à quand ?
Alors que les citoyens peinent à joindre les deux bouts, cette boulimie administrative apparaît comme un luxe injustifiable. Le Togo a-t-il les moyens de cette démesure institutionnelle ? Pour de nombreux Togolais, la réponse est claire : non. Il est temps de remettre la rigueur budgétaire au cœur de l’action publique et de repenser une gouvernance plus sobre, plus efficace et véritablement tournée vers l’intérêt général.
Albert AGBEKO
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