Togo : Ces six signes qui confirment que le nouveau Président de la République va inaugurer des chrysanthèmes

Ce samedi 3 mai 2025, le Togo a officiellement amorcé sa transition vers la Cinquième République avec deux événements majeurs : la prestation de serment de Faure Essozimna Gnassingbé en tant que Président du Conseil et celle de Jean-Lucien Kwasi Lanyo Savi de Tové, investi Président de la République par le congrès. Mais si la Constitution consacre désormais une double tête à l’exécutif, la réalité du pouvoir semble déjà tranchée.

Dès les premières heures de cette « nouvelle ère », plusieurs éléments ont confirmé que le chef de l’État nouvellement élu n’est là que pour incarner une fonction purement honorifique. Voici six faits révélateurs qui alimentent cette lecture.

Les fauteuils du pouvoir : deux symboles, deux mondes
Le fauteuil réservé à Faure Gnassingbé illustre à lui seul la hiérarchie implicite instaurée. Massif, luxueusement rembourré et orné des armoiries nationales sur fond rouge, il bénéficie d’une garde rapprochée dédiée. Le garde du corps veille sur le fauteuil comme à une relique. À l’inverse, celui de Jean-Lucien Savi de Tové, modeste en comparaison, est déplacé sans cérémonie par un aide de camp, trahissant un statut de figurant plus que de dirigeant.
Hymne national : deux poids, deux mesures
Lorsque Faure Gnassingbé est désigné, la salle explose d’applaudissements, d’embrassades et l’hymne national retentit, symbolisant l’allégeance à l’homme fort du pays. En revanche, aucune note de l’hymne n’a accompagné l’élection du Président de la République, pourtant présenté comme le symbole de l’unité nationale.
Cérémonies de prestation : une mise en scène à deux vitesses
Le président du Conseil prête serment devant la Cour constitutionnelle, sous les salves militaires et reçoit l’allégeance de l’armée, marquant la solennité et la puissance de sa fonction. Le Président de la République, quant à lui, prête serment simplement devant le président du Congrès et reçoit à sa sortie des honneurs militaires plus protocolaires que symboliques de pouvoir.
Tapis rouge : un détail qui en dit long
Le tapis rouge, signe protocolaire fort, a été déroulé pour Faure Gnassingbé. Le président Jean-Lucien Savi de Tové, lui, a foulé un sol ordinaire, sans les attributs visuels de la grandeur républicaine.
Sécurité : l’écart flagrant
Là encore, le contraste est saisissant. Faure Gnassingbé est escorté par une armée bien visible, lourdement armée, tant à son arrivée qu’à son départ. Jean-Lucien Savi de Tové, lui, est accompagné d’un simple aide de camp.
Couverture médiatique : une hiérarchie révélée dès la une
La manière dont les deux événements ont été traités par Togo-Presse, le quotidien gouvernemental, en dit long sur la place accordée à chacun. A la une, une grande photo de Faure Gnassingbé trône avec un titre clair et direct : « Faure Essozimna Gnassingbé a prêté serment samedi ». Il incarne l’événement principal, la figure dominante. Pour apercevoir ne serait-ce qu’une mention du Président de la République, il faut aller au bandeau, dans un encadré discret, sans image, où l’on lit : « Entrée en vigueur de la constitution de la Vème République ; Jean-Lucien Kwasi Lanyo Savi de Tové élu président de la République togolaise par le congrès ». Une mise en scène médiatique qui confirme que le véritable centre d’attention – et donc de pouvoir – reste Faure Gnassingbé.
Conclusion : un président, mais sans pouvoir réel ?
Tout semble indiquer que Jean-Lucien Savi de Tové a été élu pour incarner une fonction, non pour exercer une autorité. Le centre de gravité institutionnel reste visiblement concentré entre les mains de Faure Gnassingbé, désormais Président du Conseil. Derrière le rideau d’une nouvelle République, l’architecture du pouvoir togolais semble avoir peu bougé.
Francine DZIDULA
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