Créé en 2014 sous l’impulsion d’Adji Otèth Ayassor, alors ministre de l’Économie et des Finances, l’Office togolais des recettes (OTR) avait pour ambition de moderniser la collecte des recettes fiscales et douanières, en fusionnant les deux régies financières du pays. Présenté comme un rempart contre la corruption, le modèle rwandais avait servi de référence, avec l’expertise du canado-rwandais Henry Gaperi comme premier Commissaire général.

Dix ans après, le constat est amer. L’OTR n’a pas réussi à éradiquer la corruption qui gangrène l’administration togolaise. Loin d’être la solution miracle, l’office s’est retrouvé embourbé dans des pratiques qui rappellent celles de l’ancien système. Des scandales de corruption ont éclaté, impliquant certains de ses agents pourtant grassement rémunérés. Malgré des licenciements et suspensions, le phénomène persiste.

Face à cette situation, le gouvernement a diligenté un audit sur la gestion de l’OTR entre 2014 et 2018. Si les résultats n’ont pas été rendus publics, ils seraient accablants, ce qui a conduit l’exécutif à envisager une modification de la loi régissant l’office. Lors du Conseil des ministres du 13 février 2025, un projet de loi a été adopté pour renforcer la gouvernance, accroître l’efficacité du conseil d’administration et améliorer la transparence des procédures.
Cependant, cette réforme soulève des interrogations. Les critiques estiment que le problème n’est pas tant lié aux textes que à leur application. Le Togo dispose de législations solides, mais la gouvernance reste son talon d’Achille. L’impunité et le manque de volonté politique entravent toute réforme en profondeur. Comme le soulignait un professeur togolais, une lutte réelle contre la corruption pourrait fragiliser le pouvoir en place.
Dès lors, la modification du cadre institutionnel de l’OTR suffira-t-elle à changer la donne ? Rien n’est moins sûr. Sans une volonté politique affirmée et une véritable culture de reddition des comptes, la corruption continuera d’être un fléau, indépendamment des lois mises en place. L’éléphant annoncé en grande pompe en 2014 semble être arrivé avec un pied cassé, et le rafistolage législatif de 2025 ne garantit pas qu’il puisse marcher droit.
Albert AGBEKO
E-Mail: togoscoop@gmail.com
Tél : (00228) 90 96 63 64/ 99 56 57 88 : Pour vos reportages, annonces et publicité, contacter le service commercial de votre site Togoscoop.