Tout est parti du conseil des ministres du 13 février 2025. Ce jour-là, le président de la République togolaise, Faure Gnassingbé, a décidé de nommer le colonel Ouro-Koura Agadazi comme nouvel ambassadeur du Togo en France, en remplacement du colonel Calixte Batossie Madjoulba, qui occupe depuis septembre 2023 le poste de ministre de la Sécurité et de la Protection civile.

A peine cette nomination rendue publique, la première salve de critiques est tirée. Elle provient de CODITOGO (Coalition de la diaspora togolaise pour l’alternance et la démocratie). Dans un courrier adressé au Quai d’Orsay, ce regroupement de la diaspora togolaise exhorte la diplomatie française à ne pas accréditer le nouvel ambassadeur. La raison évoquée ? Le nouveau représentant du Togo à Paris serait impliqué dans la répression violente des manifestations politiques au Togo, notamment au début du processus démocratique et lors du soulèvement populaire de 2017. Son nom figurerait dans plusieurs rapports d’ONG, notamment celui de la Ligue togolaise des droits de l’Homme (LTDH).

Contacté par RFI, Raphaël Gbadoue, coordinateur de CODITOGO, déclare : « Ce nom suscite immédiatement l’indignation et rappelle ce qui s’est passé, pas seulement en 2005… Mais aussi en 1991, lorsque le colonel était encore lieutenant. Les gens s’en souviennent bien : il était à la tête d’un groupe de militaires bérets rouges qui ont sévi dans la région de Tchaoudjo, à Sokodé… ».
Alors que le Quai d’Orsay n’a pas encore réagi à cette nomination, c’est l’intéressé lui-même qui a pris la parole. Face à ce qu’il qualifie d’accusations infondées, le colonel Ouro-Koura Agadazi a démenti avec vigueur toute implication dans des actes de répression et d’assassinat.
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L’ancien patron de l’ANSAT regrette que RFI n’ait pas procédé à une vérification plus approfondie des accusations. La consultation des partis d’opposition ou des familles des victimes présumées aurait pu éclairer le débat. De plus, des sources locales, comme les chefs de cantons et les autorités administratives, ainsi que des personnalités influentes telles que le ministre Foli-Bazi Katari, le chef de canton de Kadambara ou encore le colonel Nassam, auraient pu confirmer ou infirmer ces accusations, propose-t-il.
Une défense qui fait débat
Dans sa réplique, le colonel Agadazi a également rappelé ses prises de position antérieures sur le Parti National Panafricain (PNP), qu’il qualifie de mouvement insurrectionnel aux accointances djihadistes. Selon lui, l’assassinat de deux militaires en poste à son domicile en 2017 et les attaques perpétrées contre les symboles de l’État justifieraient cette qualification. Il affirme maintenir ses propos jusqu’à ce que les responsables répondent de leurs actes.
Un choix diplomatique stratégique contesté
Certains analystes jugent que la réaction du colonel Agadazi est une erreur stratégique. En pareille situation, il aurait été préférable de faire preuve de retenue et d’attendre la réaction du Quai d’Orsay. Cette intervention, perçue comme prématurée, pourrait alimenter davantage la polémique au lieu de l’apaiser. L’affaire met en lumière les défis qui attendent le colonel Agadazi dans ses nouvelles fonctions diplomatiques.
Albert AGBEKO
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