Ecoles privées très chères de Lomé : un business florissant au dos des parents et des enseignants
La prochaine rentrée scolaire est fixée pour l’instant au 16 septembre 2024 au Togo. Elle va débuter plus tôt dans la première semaine du mois de septembre dans les établissements au programme français. Ces écoles onéreuses s’alignent sur l’emploi du temps de la France. De près, ces nouvelles écoles privées très chères ne sont pas à l’image des écoles françaises. Parents irresponsables, enseignants oppressés, fondateurs « publicains ». Choses vues et entendues !
La création des grands établissements scolaires privés connait une affluence à Lomé depuis les années 2010. Lomé compte pas moins d’une dizaine d’écoles très onéreuses. Ces écoles proposent des programmes français, canadien ou américain. La scolarité au primaire se situe entre 300 mille à 1 million F CFA. Ce genre d’école est prisé par les expatriés et la petite classe riche togolaise. Au-delà de l’imposante infrastructure de ces lieux de formation se cachent d’autres réalités moins reluisantes. Une complicité partagée.
PARENTS SPECTATEURS
Les parents qui inscrivent leurs enfants dans ces écoles font un grand investissement. Pour autant, ils ne cassent pas leur tirelire. Leurs efforts se limitent à l’inscription et aux bulletins. Ils ne s’intéressent guère du fonctionnement de l’école.
Certains parents déposent leurs enfants au seuil du portail de l’école en les quittant d’un sourire et d’un vœu d’une bonne classe. D’autres, la plupart, ont mis des chauffeurs et un garde rapproché au service de leur progéniture.
Ces parents ou ces personnes engagées pour le suivi des enfants n’ont jamais cherché à scruter la salle de classe, la cantine et les toilettes de l’école.
Au sein de ces écoles dites prestigieuses, parfois les salles de cours ne proposent pas une bonne aération. Le décor est composé souvent des bancs cassés, des ventilos qui fonctionnent à minima ou pas du tout.
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Le bon goût devient le dégoût dans la plupart des cantines. Des mets mal préparés souvent insuffisants qui provoquent de l’angoisse et des pleurs chez ses petits enfants du primaire. Les éducateurs sont parfois obligés de voler au secours de ces petits habitués au confort.
Concernant, les toilettes, c’est le service minimum. Leur nombre est insuffisant par rapport au nombre des enfants. Elles sont mal entretenues.
ENSEIGNANTS EXPLOITES ET ANXIEUX
Les enseignants de ces établissements scolaires privés très chers ne sont pas tous logés au même enseigne. Il existe des salaires assimilables à ceux payés dans les « petites » écoles privées. Deux ou trois écoles rémunèrent bien le personnel enseignant avec une bonne dose de pression psychologique sur l’enseignant. A cela s’ajoute la non déclaration à la CNSS d’une partie ou la totalité du personnel enseignant.
Ces écoles recrutent souvent des profils inadaptés au cours primaire. Mal payés, les enseignants sont obligés d’enchainer des répétitions à domicile tout juste après la fermeture des classes vers 15H. Ces enseignants regagnent leur domicile vers 21H. Ils arrivent le lendemain en classe fatigués sans préparer le cours du jour.
L’omerta est le maître mot qui règne dans ce milieu des enseignants. Ces éducateurs vivent durant toute une année scolaire sous la menace d’un licenciement abusif.
Le mercato des enseignants bat son plein chaque vacance dans ces écoles. A priori c’est une bonne chose. Le licenciement et le recrutement des enseignants se font au gré du responsable des ressources humaines en complicité avec le responsable pédagogique.
Ils font des rapports sans fondements sur les enseignants à leur hiérarchie qui n’hésite pas à suivre leur avis. Ces responsables profitent pour recruter leur connaissance souvent sans compétence.
Dans ces écoles, il est interdit aux enseignants d’utiliser la cantine scolaire. Ces derniers sont obligés de restaurer en dehors de l’établissement. Parfois, c’est le gardien de l’établissement qui les approvisionne de « vêyi » auprès des vendeuses ambulantes.
FONDATEURS CAPITALISTES
La création d’un établissement de ce grand standing est un lourd investissement. Elle doit être rentable. Par contre, cette rentabilité ne doit pas être recherchée au détriment de la qualité et du cadre de formation.
Dans ces écoles, le personnel enseignant est méprisé par la hiérarchie. Toutes les rentrées sont toujours les même sans aucune amélioration du cadre de vie ou de la motivation. Pendant ce temps, les frais de scolarité ne cessent de grimper à chaque rentrée.
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Pour effet de marketing, ces écoles au programme français recrutent des « yovo ». Des blancs errant à Lomé qui n’ont jamais exercé dans le milieu scolaire dans leur pays d’origine ou à l’étranger. D’autres carrément sont là pour servir de vitrine pour attirer les expatriés.
Il existe une école privée située dans le Golfe 5 où la fondatrice gère son école depuis l’Europe, son pays de résidence, avec les caméras installées partout dans son entreprise. Il prend des décisions ou licencie selon les images. Elle a recruté même une coiffeuse à la maternelle.
Une question fondamentale se pose. Sur quoi se base réellement l’AEFE pour homologuer le programme français dans ces écoles togolaises ?
Aucune école n’a été citée dans cet article pour éviter des critiques stériles. L’avenir des apprenants est au-dessus de toute considération. Les parents d’élèves ont la clé du changement dans ces établissements.
Vincent de Paul Yésssouvito
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