Si les Gabonais ont célébré mercredi l’éviction du président Ali Bongo, un analyste au moins s’est montré prudent quant à l’issue positive potentielle de ce coup d’État.
Thomas Borrel, porte-parole du groupe de défense des droits de l’homme Survie, basé à Paris, a déclaré que les citoyens du pays “perdraient à nouveau” si l’autocratie de M. Bongo était simplement remplacée par une dictature militaire.
Selon lui, le coup d’État militaire a chassé le coup d’État électoral.
Les soldats ont pris le pouvoir après que l’organisme électoral a déclaré que le président avait remporté un troisième mandat, prolongeant ainsi les 55 ans de règne de sa famille sur ce pays riche en pétrole.
- Borrel a déclaré que le Gabon était emblématique de la “Francafrique“, c’est-à-dire de l’influence de la France en Afrique.
“Il est marqué par la corruption, historiquement pratiquée par les grandes entreprises françaises, qui s’est développée et diversifiée depuis lors. Elle est marquée par le népotisme et par le fait qu’une famille détient tous les pouvoirs avec quelques artifices démocratiques, mais qui sont en fait tous contrôlés par le régime“, a-t-il déclaré.
Selon lui, si la France est “évincée” d’autres pays de la région, comme la République centrafricaine, le Niger, le Mali, le Burkina Faso et, dans une moindre mesure, la Guinée, l’influence française dans la région reste forte.
“Nous constatons qu’il existe une forte opposition populaire aux liens entre la France et les régimes qui ont été renversés. Mais de notre point de vue, la ‘Francafrique’ est caractérisée par les institutions qui sont toujours en place, l’armée française, le franc CFA, et une certaine culture paternaliste française qui doit être changée, y compris au plus haut niveau de l’Etat“.
Paris, qui a maintenu des liens économiques, diplomatiques et militaires étroits avec le Gabon, a condamné le coup d’État et dit suivre de près l’évolution de la situation dans le pays.
Les événements au Gabon surviennent environ un mois après que des soldats mutins se sont emparés du pouvoir du gouvernement démocratiquement élu du Niger, dans le cadre d’une série de coups d’État qui ont remis en cause des gouvernements liés à la France, l’ancien colonisateur de la région.
Yaovi AGBEGNIGAN
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