Guy Marius Sagna: « Le commissaire de police a refusé de prendre ma plainte »

Après son agression à Lomé, le député sénégalais Guy Marius Sagna a organisé une rencontre avec la presse à Dakar. Au cours de cet échange avec la presse, M. Sagna est revenu sur les événements de Lomé.

Nous vous proposons un extrait de cette rencontre avec la presse

Et c’est l’occasion donc de remercier M. Ali Daou. Parce que depuis deux ans que je suis député, j’ai fait plusieurs pays à travers le monde. C’est la première fois quand je suis dans un pays et avant même ces événements-là, dès le premier jour, c’est la première fois qu’un Sénégalais qui travaille dans une ambassade m’appelle et m’écrit pour me dire « Je suis M. Ali Ndao, je travaille à l’ambassade du Sénégal au Togo et je suis à votre totale disposition. » C’est la première fois depuis deux ans. Donc je voudrais le remercier. Et ça, il l’a fait avant les événements.
Quand les événements se sont produits, il était devant son assiette de thieboudienne (NDLR : plat sénégalais), quand il a été informé, il a arrêté son thieboudienne. Et jusqu’à 2h du matin, il était avec moi. La police dit qu’une enquête a été ouverte.
J’ai envoyé M. Ali Ndao de l’ambassade du Sénégal au Togo, aller porter plainte à mon nom, aller déposer ma plainte. Le commissaire de police a refusé de prendre sa plainte. Donc que vous le comprenez ?
J’avais des problèmes pour marcher. J’ai mal partout. J’ai dit, monsieur Ali s’il vous plaît, allez déposer ma plainte en mon nom. Il est allé au commissariat, le commissaire a refusé. C’est clair comme de l’eau de roche.
Il n’y a que ceux qui refusent de comprendre. Voilà, c’est tout. Donc, si tu parles, ils sont bastonnés, ils vont déposer plainte, on ne prend pas leur plainte. Au cas où on prend la plainte, ça ne tient à rien.
La gendarmerie était là-bas, elle est partie. Elle est partie pour laisser leurs collègues en civil faire le sale boulot. Donc, merci au gouvernement du Sénégal, merci à madame la ministre de l’intégration africaine et les Sénégalais de l’extérieur, qui m’a extirpé, qui m’a amené à l’ambassade du Sénégal, à la résidence de l’ambassade du Sénégal au Togo, qui m’a conduit à l’aéroport et qui a dit, si je dois prendre Air Côte d’Ivoire et que j’arrive à Abidjan, les diplomates sénégalais à Abidjan seront avec toi à l’aéroport jusqu’à ce que tu partes parce qu’on veillera sur ta sécurité. Et j’ai eu à parler avec Mme Yacine Fall au téléphone.
Quand nous avons été bastonnés jusqu’au sang, torturés jusqu’au sang, parce que c’est de torture dont il s’agit, d’accord ? Nous avons été torturés. Tous les Togolais que j’ai rencontrés, Depuis les événements dramatiques, tous les Togolais que j’ai rencontrés à la clinique, à l’aéroport, à la résidence, etc., même depuis que je suis venu, tous les Togolais que j’ai rencontrés me disent la même chose.
Monsieur Guy Marus Sagna, nous avons honte, excuse-nous. Je voudrais dire ici clairement ce que j’ai répondu à ces Togolais. Vous n’avez pas à avoir honte parce que vous n’êtes responsable en rien de ce qui m’est arrivé.
Vous n’êtes pas responsable des tortures, des sévices corporels et de la violence physique que j’ai fait l’objet et dont on fait l’objet une vingtaine de Togolais. Parce que, comme j’ai l’habitude de dire, il y a le Sénégal digne et le Sénégal non digne. Mais il y a aussi le Togo digne et le Togo non digne. C’est le Togo non digne qui est responsable de cela.
Mais vous, vous êtes le Togo digne. Vous n’avez pas à avoir honte, à noircir ou à rougir du fait que le parti au pouvoir, le régime, le gouvernement a planifié une torture de plus d’une vingtaine d’Ouest-Africains parce qu’ils avaient commis un seul crime, celui de dynamiser le Parlement de la CEDEAO.