Redressement fiscal au Togo : Le cimentier Wacem et son patron Prasad Motaparti dans la tourmente

Le géant de l’industrie cimentière au Togo, Wacem, filiale du groupe Diamond Cement dirigé par l’homme d’affaires indien Prasad Motaparti Siva Rama Vara, fait de nouveau parler de lui. D’après un article publié par Africa Intelligence, l’administration fiscale togolaise a décidé de passer à l’action en réclamant un redressement fiscal de plus de 10 milliards de francs CFA (soit plus de 15 millions d’euros) à cette entreprise soupçonnée de corruption et d’évasion fiscale.

Un passé sulfureux révélé par les « Panama Papers »

Déjà en 2016, Wacem avait été éclaboussée par le scandale des Panama Papers, mettant en lumière un système sophistiqué d’évasion fiscale via les îles Vierges britanniques, orchestré par le cabinet Mossack Fonseca. Cette révélation avait jeté une lumière crue sur les pratiques opaques de la filiale togolaise du groupe Diamond Cement, actif également au Ghana, au Burkina Faso, au Mali, au Congo et en Guinée.
Une coopération difficile avec les autorités togolaises
Malgré les injonctions répétées de l’Office togolais des recettes (OTR), la cimenterie de Tabligbo, l’une des plus importantes du pays, fait preuve d’une coopération minimale. En 2024, plusieurs employés du département financier de Wacem avaient été brièvement incarcérés pour surfacturation et émission de fausses factures, avant d’être libérés sous caution.
C’est Clément Mawuli Ahialey, homme d’affaires bien connu au Togo et actionnaire de la société, qui mène actuellement les négociations avec l’OTR. Ancien président de l’AGET et actuel patron de la Fédération togolaise de tennis (FTT), son implication ne passe pas inaperçue.
Une entreprise entachée par des drames humains
Outre ses déboires fiscaux, Wacem est également au centre de polémiques liées à la sécurité au travail. En janvier 2025, un employé a tragiquement trouvé la mort lors de la maintenance d’un four encore en fonctionnement. Ce n’est pas un cas isolé : en 2015, six salariés avaient déjà perdu la vie dans l’explosion d’un réservoir de fuel. Condamnée en 2023 à verser 280 millions de francs CFA (environ 427 000 euros) aux familles des victimes, la société n’aurait toujours pas versé l’intégralité des indemnités dues.
Des conflits juridiques à répétition
Parallèlement, des procès opposent Wacem à des riverains impactés par ses activités. En 2010, la justice togolaise avait condamné la cimenterie à verser des indemnités, mais l’affaire traîne toujours en cour d’appel, en dépit d’une loi limitant le nombre de renvois judiciaires. Ce feuilleton judiciaire alimente les critiques sur l’impunité dont bénéficierait l’entreprise.
Entre redressement fiscal massif, accusations d’évasion fiscale, accidents du travail à répétition et conflits juridiques non résolus, Wacem et son dirigeant Prasad Motaparti sont aujourd’hui dans la tourmente au Togo. Alors que la pression de l’OTR s’intensifie, cette affaire pourrait bien devenir emblématique des défis que pose la régulation des grandes entreprises étrangères opérant en Afrique de l’Ouest.
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