
Dans une Afrique en perpétuelle transformation, un colloque pas comme les autres s’est ouvert ce 2 juillet 2025 à l’Institut Confucius de l’Université de Lomé. Intitulé « Langages silencieux : contextes, enjeux et dynamiques communicationnelles en Afrique », cet événement scientifique réunit chercheurs, praticiens et penseurs autour d’un thème à la fois ancestral et visionnaire : la parole… sans les mots.

Organisé par l’Université de Lomé, à travers le CEROCE, le 2EA et Poclande, le colloque explore un champ fondamental mais encore marginal dans la recherche africaine : les formes non verbales de communication, comme les gestes, les postures, les silences, les regards, les symboles. Des formes qui traversent les générations et façonnent profondément les rapports sociaux, identitaires et culturels sur le continent.


Un colloque qui donne du sens au silence
Kanka-Malik NATCHABA, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, a officiellement ouvert le colloque en saluant l’audace et la pertinence de cette initiative à la fois scientifique, panafricaine et interdisciplinaire.
Il a souligné la richesse des langages non verbaux dans les cultures africaines – gestes, silences, symboles – qui, selon lui, constituent un socle de sagesse, d’harmonie et d’efficacité sociale.
« Dans un monde saturé de bruit et d’images, le silence reste un outil de transformation sociale, un espace de leadership réfléchi. »
Le ministre a illustré ses propos en évoquant le leadership silencieux et efficace du Président Faure Essozimna Gnassingbé, qu’il considère comme une expression contemporaine de cette sagesse africaine qui agit sans s’agiter.
Il a appelé à développer une science ancrée dans nos réalités culturelles, capable d’éclairer des politiques publiques enracinées dans les valeurs africaines, et de réconcilier savoir traditionnel et modernité.
« Ce que la bouche ne dit pas, le corps le crie »

Dans cette même dynamique, Dr Palakyém MOUZOU, Président du Comité d’organisation, a rappelé que ce colloque ambitionne de faire parler les codes silencieux : gestes, symboles, postures… souvent plus puissants que les mots.
Avec 43 participants de 14 pays (Afrique, Europe, Asie), le rendez-vous offre un espace unique pour analyser ces formes d’intelligence invisibles, souvent négligées en Afrique francophone, mais cruciales pour comprendre nos cultures, nos identités et nos rapports sociaux.
Citant une sagesse peule – « Ce que la bouche ne dit pas, le corps le crie » – et le linguiste Oswald Ducrot – « Ne pas dire, c’est dire », il invite à revaloriser le non-dit comme force de communication.
Une autre manière de comprendre l’Afrique
Le colloque explore plusieurs thématiques :
-L’impact du numérique sur les pratiques gestuelles
-Les silences dans les rituels sociaux et politiques
-La symbolique des postures dans l’éducation et la transmission
-Les dynamiques non verbales du pouvoir et de l’inclusion
À travers ateliers, tables rondes, performances et restitutions de recherche, les participants déconstruisent les frontières entre le visible et l’invisible, entre la parole et le ressenti.
Vers une Afrique qui s’écoute autrement
Ce colloque n’est pas qu’un événement scientifique. C’est un acte de reconnaissance envers les langages profonds qui structurent nos sociétés. Il s’agit d’écouter ce qui ne s’entend pas – mais qui parle fort.
C’est aussi un appel à l’avenir : celui d’une Afrique qui valorise ses propres codes pour bâtir des politiques, des savoirs, des sociétés ancrées et souveraines.
Parce qu’en Afrique, le silence n’est jamais vide. Il est mémoire, intention, présence.
Helly GBENE
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