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L’Ukraine, vaincre ou périr

Trump vient de couper brutalement l’aide militaire à Kyiv dans l’espoir d’affaiblir l’armée ukrainienne et donner à Poutine une victoire qu’il n’a pu acquérir sur le terrain. Une guerre de trois jours qui dure depuis trois ans. La paix de Trump qui est celle de l’offre du Kremlin, est synonyme d’abandon des territoires occupés et annexés, de démilitarisation de l’Ukraine, puis du retrait du président Volondymir Zelensky de la présidence, c’est-à-dire l’érection à Kyiv d’un pouvoir favorable à Moscou. Même, l’Allemagne défaite en 1914 n’avait pas subi une paix aussi humiliante.
Il s’agit d’un rude coup, en effet. Washington était responsable de 50% de l’appui militaire en armements à l’Ukraine.
Cependant cette suspension était prévisible. Bien avant la tenue de la présidentielle de novembre 2005, le président de la Chambre fédérale Mike Johnson, à l’instigation de Donald Trump, avait bloqué pendant 7 mois l’aide militaire à l’Ukraine. Il a fallu une contorsion de Biden et des Démocrates pour que l’aide soit débloquée et acheminée rapidement. Bien d’hommes politiques pressentaient un changement en faveur de la Russie au cas où Trump accédait à la magistrature suprême.
Coup rude, en effet. Et il y en a d’autres en préparation, dont la reprise des relations diplomatiques entre Washington et la fin des sanctions. En coulisses, des anciens officiers du KGB s’activent avec des Américains pour relancer le gazoduc NordStream 2, ce qui devra mettre un coup de pression énorme sur les Européens, surtout les Allemands, dont l’économie de machines-outils est basée sur un gaz russe moins cher. On attend de voir la réaction de l’Union Européenne et de l’Allemagne, dont le nouveau chancelier se montre le plus clairvoyant quant à la nouvelle donne.
L’Ukraine devient le baromètre d’un changement brutal dans les relations internationales bâties depuis de l’effondrement de l’URSS et de son glacis soviétique, avec des rapports dictés par le monde occidental patronné par les Etats-Unis. Un monde où les rapports entre Etats sont dictés plus par le droit que la force. Certes, dans cette charte juridique mondiale fondée sur l’esprit du multilatéralisme et des valeurs occidentales, a été violée à par les Etats-Unis, à la fois par la guerre d’invasion de l’Irak en 2003, sous de fallacieuses raisons, et par l’extra-territorialité de la justice américaine. Une guerre et un système juridique indigeste pour le reste de la communauté internationale, et auxquels tendent à répondre des Etats non-occidentaux en formant les BRICS, dans l’optique avouée de créer l’illusion d’un monde multilatéral, plus apaisé entre les Etats. En réalité, les BRICS, cornaqués par la Chine et la Russie, deux Etats impérialistes, n’envisagent uniquement un nouvel ordre mondial, mais bien un nouveau désordre mondial, où la force prime le droit, où les puissants écrasent les faibles sans autre forme de procès.
C’est à ce monde du fort avec les faibles, auquel vient de se joindre le président Trump par une alliance inédite avec la Russie, puissance nucléaire invasive de son voisin l’Ukraine, depuis le 24 février, après en avoir annexée une partie, la Crimée et y avoir déclenché une guerre civile présumée depuis 2015 menée par ses forces. Une alliance des ploutocraties.
De ce nouveau monde, il n’y a que l’Europe, adepte du multilatéralisme qui pourrait y faire pièce. Mais elle malheureusement faible. Traumatisée par les deux guerres mondiales et les guerres les 1000 ans de guerres infra européennes, l’Union Europe s’est bâtie sur un présupposé : l’obtention de la paix par le droit. Se voulant être la conscience du monde, marquée par son passé colonial et génocidaire, l’Europe s’est achetée, en mauvaise conscience, sa propre paix, bâtie néanmoins sur un laquisme à l’égard des Etats-Unis. C’est ce Talon d’Achille que vient de toucher Trump.
Alors, la paix forcée du tandem Poutine-Trump se produira-t-elle ? Rien n’est moins sûr. Mais dans une confrontation militaire, c’est le déterminisme du rapport des forces sur terrain que surgit la paix. Et pour le moment, malgré l’occupation d’une partie de son territoire, l’Ukraine n’est pas vaincue. Elle tient tête rageusement à la Russie, qui ne progresse guère et n’a plus vraiment les moyens de progresser.
Le pays a encore en stock du matériel militaire pour sept mois. Conjugué aux apports matériels conséquents des Européens, elle peut lutter sur le terrain pour prétendre encore à une paix équitable. Ceci est hypothétique, mais reste du domaine des possibles. A moins que le président Trump n’envisage d’aider Moscou sur le plan militaire. Ce qui est tout à fait possible.
L’Ukraine joue sa survie, son indépendance, et sa liberté. Depuis l’arrivée de Zelensky, le pays, autrefois sous le joug d’oligarques corrompus, parfois aux ordres de Moscou, s’est transformé en une démocratie libérale pleine d’avenir. Gageons que la démocratie finira par l’emporter sur les forces du mal.

YAS SOWE
TOGOCOM DEVIEN YAS

Kwami FEDA
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